De la fête d'anniversaire à la tuerie: le récit de la fusillade qui a fait quatre morts dans l'Allier
La soirée du 13 juillet dernier aurait dû être festive. Elle s'est pourtant transformée en véritable cauchemar dans une petite bourgade de 900 habitants de l'Allier. Ce soir-là, une vingtaine de personnes sont réunies au hameau de Vozelle, dans le village d'Espinasse-Vozelle situé près de Vichy.
Au milieu du jardin, un jeune homme a réuni son groupe d'amis et des membres de sa famille pour célébrer son 20e anniversaire. En fin de journée, les convives arrivent peu à peu pour participer à l’apéritif dinatoire, l'un d'entre eux rejoint la réception vers 19h30 à moto-cross.
Des convives alertés par des semblants de cris
Un peu plus tard, lui et un copain repartent sur le deux-roues, histoire de faire un tour. 500 mètres plus loin, ils passent devant la maison d'un voisin de 57 ans connu pour son mauvais caractère. Là, un bruit les interpelle. Les deux jeunes font demi-tour, pensant qu'une femme est en danger: ils veulent aller prévenir leurs proches qu'il faut aller l'aider.
"Il leur semblait avoir entendu des cris et des insultes", a expliqué lors d'une conférence de presse lundi 15 juillet le procureur de la République du tribunal judiciaire de Cusset et ce, bien que les premiers éléments de l'enquête démontrent qu'aucune femme n'était présente chez ledit voisin au moment des faits.
Lorsque les deux jeunes, dont deux pères de famille, arrivent devant le portail de ce voisin quelques minutes plus tard, celui-ci finit par sortir... un fusil à pompe à la main. À quinze mètres de lui, les quatre hommes veulent prendre la fuite mais le voisin les met en joue et tire.
Pas de conflit mais une "détermination à tuer"
Le jeune homme est abattu le jour de ses 20 ans, tout comme son père et son parrain. Les tirs pleuvent sur les autres convives, réfugiés derrière une voiture. Toujours armé, le voisin se dirige vers la maison familiale où les autres invités sont reclus et il continue à faire feu. Il tire "à de nombreuses reprises" sur la maison où étaient réfugiés les convives survivants, symbole de sa "détermination pour tuer".
Après sa course meurtrière, le quinquagénaire retourne l'arme contre lui-même et met fin à ses jours. Outre les trois morts, quatre en comprenant le tireur, quatre autres personnes ont été blessées. Elles sont toujours hospitalisées à ce stade, sans "séquelles lourdes".
"Quatorze douilles de cartouches contenant pour la plupart de la chevrotine ont été retrouvées sur les différents lieux de la fusillade", a détaillé Eric Neveu.
À date, aucun élément n'a mis en évidence de conflit de voisinage entre le tueur et ses voisins. L'élément déclencheur aurait été l'entrée des voisins à proximité de la propriété du tireur, qui pouvait observer les images de son entrée "en temps réel" en permanence grâce à un important système de vidéo-surveillance. Ce système fera "rapidement l'objet d'analyses", a précisé le procureur Eric neveu.
Un voisin au profil énigmatique
Avant les faits, l'énigmatique voisin était en train de jouer à un célèbre jeu de guerre en ligne, "avec un volume sonore trés élevé". Le bruit dégagé par le jeu aurait pu être celui interprété comme des cris de femmes, suggère le procureur. En détaillant le profil du tueur, ce dernier l'a par ailleurs décrit comme "sauvage, isolé, associable".
Il a aussi précisé que cet ancien militaire n'avait jamais servi "en opération extérieure" et avait démarré sa retraite en 2003. Il n'était "ni commando ni tireur d'élite" mais selon les premiers éléments de l'enquête, l'arme du crime faisait partie d'un véritable arsenal de plusieurs armes et autre munitions, dont plusieurs n'étaient pas déclarées.
Par ailleurs, le tueur était inconnu des services de police, de justice et de renseignement. Il ne présentait pas de troubles mentaux connus. Enfin, l'analyse toxicologique livrera ses secrets dans les prochaines semaines.
Dans le village, la salle polyvalente a été ouverte pour installer une cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) afin d'accueillir proches et voisins. La préfète de l'Allier Pascale Trimbach a indiqué que "des moyens très importants", composés de pompiers et de gendarmes avaient été déployés sur les lieux. Une enquête pour assassinat et tentative a été confiée à la Section de recherches de Clermont-Ferrand et la Brigade de recherches de Vichy.