Féminicide à Douai : une inspection lancée sur d'éventuels ratés des policiers

Aurélie Langelin est morte en mai 2021 sous les coups de son compagnon à Douai. Un équipage de police était intervenu quelques heures avant sa mort. Les agents étaient repartis, laissant cette femme avec son compagnon.

C'était au lendemain de la mort de Chahinez Daoud à Mérignac, en Gironde, brûlée vive en pleine rue par son ancien compagnon. Le 5 mai, Aurélie Langelin était venue porter plainte contre son compagnon pour les blessures qu'il lui infligeait. Trois semaines plus tard, cette mère de famille de 33 ans perdait la vie sous les coups de cet homme de 38 ans, depuis mis en examen et incarcéré.

Alors que ces deux affaires présentent de nombreux points communs, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin vient de demander une inspection pour faire la lumière sur d'éventuels ratés des policiers qui auraient conduits à ne pas empêcher la mort d'Aurélie Langelin à Douai le 5 mai 2021, a appris BFMTV confirmant les informations du Parisien.

Plusieurs plaintes

Le 31 mai 2021 au petit matin, les policiers arrivent au domicile de Karim B. A., à la suite d'un appel des voisins. Sur place, ils découvrent le corps sans vie d'Aurélie Langelin. La jeune femme présente de multiples traces de coups. L'autopsie en révélera 139, des traces récentes, d'autres plus anciennes, témoignant des violences subies au fil des mois. Aurélie a plusieurs cotes fêlées, son décès a été causé par une hémorragie cérébrale.

"Elle a été battue à mort", résume Me Damien Legrand, avocat de la famille d'Aurélie Langelin.

Aurélie Langelin avait alerté les autorités. Une première plainte en novembre 2018, une autre en octobre 2019, une main courante en avril 2020 alors que son compagnon l'avait rouée de coups devant témoins. Puis une plainte le 5 mai 2021, 25 jours avant sa mort. Ce jour-là, la jeune femme dénonce un harcèlement et des menaces qui s'intensifient de celui qu'elle décrit comme son ex-compagnon. Elle raconte que ce dernier l'a menacée de la "brûler vive". Il y a surtout cette intervention policière le 30 mai vers 18h40, quelques heures avant la mort d'Aurélie Langelin, qui justifie aujourd'hui l'inspection demandée par le ministre de l'Intérieur.

Erreur d'appréciation ?

Les cinq policiers qui interviennent le font sur appel du voisinage qui se plaint du bruit fait par le couple dans l'appartement de Karim B. A.. Ce dernier est alcoolisé, évoque "des caméras cachées un peu partout". Aurélie Langelin a elle-aussi bu. Ils remarquent une trace bleue en dessous de l'oeil gauche, mais cette dernière ne leur signale aucune violence, écrivent les fonctionnaires dans leur PV d'intervention. Les policiers invitent l'homme à rester chez lui, ils ne séparent pas le couple, et ce malgré le témoignage de voisins faisant état d'une femme "les jambes nues, en train de pleurer". Une erreur d'appréciation?

La famille d'Aurélie Langelin tente de faire reconnaître ces dysfonctionnements. Une lettre a été écrite au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti pour demander à ce qu'une inspection soit diligentée sur cette intervention policière. Le garde des Sceaux ne s'est pas déclaré compétent, évoquant que ce dossier ferait l'objet d'un "retour d'expérience" auprès du parquet compétent. C'est finalement Gérald Darmanin qui a répondu favorablement à la demande de la famille de la victime.

"C'est évidemment extrêmement satisfaisant qu'un ministre se penche sur cette affaire", se félicite Me Legrand. "Il y a eu de nombreux dysfonctionnements dans cette affaire, les policiers ont préféré fermer la porte et laisser cette femme à son triste sort."

Article original publié sur BFMTV.com

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