Daphne Guinness, extravaganza

Héritière aux accents progressistes, la gothique créature de mode se réinvente en quinqua rockeuse, manière de tamiser ses angoisses.

D’une voix sombre et moirée, qui plonge dans des basses eaux technoïdes, elle chante les choses de sa vie, entre sarcasme ouvragé et incrédulité abîmée, ironie ténébreuse et catharsis farceuse. Performeuse débutante de 50 ans, Daphne Guinness sort un second album. Epaulée par le producteur de David Bowie, elle s’inscrit dans la galaxie du glam rock poudré, mais aussi dans le laconisme underground d’un Velvet dont elle serait la Nico au timbre autrement timbré. Elle se défait de l’image hautaine et barrée derrière laquelle elle s’est longtemps cachée pour renaître plus décontractée. Elle rit de ce chignon bicolore de Cruella qui ne ferait pas de mal à une mouche, si ce n’est arracher ses propres ailes. Dans ses textes mélangeant français et anglais, elle se moque de sa réputation d’iguane de mode, perchée sur les branches dorées du pommier du jardin des Hespérides. Cela donne : «Tu crois / Que je suis un peu méchante / But I’m not […]. Tu crois / Que je suis un peu excentrique / But I’m not.» Et cela continue comme une revendication d’indépendance, traduction incluse : «Tu veux mon cœur / Tu veux mon âme / Mais tu ne peux pas les avoir.» Elle sait éplinger un amant nombriliste : «Tu dis que tu m’aimes / Mais tu te parles à toi-même / […]. Tu dis que tu m’aimes / Mais c’est toi qui toi-même te baises […]. Et quand tu me regardes / Tu ne vois que toi.» Et de lancer des «no, no, no» aux demandes des hommes obsolètes qui n’ont pas le niveau pour se lancer à la conquête de cette mondaine, et pas à demi, enfin descendue de ses vertiges nuageux, pour se saisir du micro.

Les talons perdus. Dans le monde de la sape, il y a les créateurs qui élisent leurs icônes et exaltent leurs muses. Daphne Guinness, elle, ne s’est pas contentée d’inspirer ou de se laisser magnifier. Elle fut longtemps une créature de mode auto engendrée. Comme Lady Gaga ou (...)

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