"Exprimer son empathie, être à l'écoute": comment préparer la rentrée scolaire des enfants harcelés?

Une rentrée pour une nouvelle vie. Ce lundi, parmi les dizaines de milliers de collégiens qui vont retourner en salle de classe, figure Liliane, une élève de 12 ans dont le père en colère avait dénoncé sur notre BFMTV le harcèlement dont elle était victime au cours de l'année scolaire. En classe de cinquième et harcelée depuis le mois de janvier par plusieurs jeunes filles de son âge, son père avait fait le choix fort de la déscolariser.

"C'est encore en elle"

Pour cette rentrée, l'adolescente a pu changer d'établissement, mais reste meurtrie par son expérience précédente.

"C'est encore en elle. Physiquement, c'est matérialisé par des comportements physiques. C'est encore très présent même si on sent des points positifs par son discours, des sourires", nous dit son père, Olivier Morin.

Au moment des faits, ce dernier avait porté plainte à plusieurs reprises et interpellé le ministre de l'Éducation d'alors, Pap Ndiaye, afin que des vidéos diffusées sur la plate-forme TikTok, qui ont participé à son harcèlement, soient supprimées. La réponse du ministre n'a pas eu l'effet escompté et les agissements ont continué.

Le père de famille une nouvelle fois contacté le ministre de l'Éducation nationale, cette fois-ci Gabriel Attal, qui a fait fermer les comptes des harceleuses de Liliane. En parallèle, une enquête est toujours en cours contre les proviseurs de l'ancien établissement scolaire pour leur inaction.

"La nouvelle direction du nouveau collège dont je tairai le nom, est très proche d'elle, dans un accompagnement très serré, très ouvert à l'accueillir", ajoute Olivier Morin.

"Il faut les écouter"

De manière générale, pour cette rentrée scolaire, le Dr Stéphane Clerget, pédopsychiatre invité ce dimanche sur l'antenne de BFMTV, conseille d'être à l'écoute de ses enfants.

"Une veille de rentrée, il faut les écouter, connaître leurs inquiétudes, angoisses... Il faut exprimer son empathie, être à l'écoute et développer la communication. Dire que dès quelque chose ne va pas, ils peuvent s'autoriser à en parler", détaile-t-il.

Selon le professionnel, il est capital "de développer la confiance en soi de l'enfant." "Les enfants harcelés ont perdu leur confiance en eux, il faut de nouveau développer leurs compétences et habilités sociales."

En ce qui concerne le harcèlement, Stéphane Clerget estime qu'il faut l'aborder dès le collège, "période ou le harcèlement est le plus fréquent. Ce n'est pas rare qu'il n'y en ait pas au sein d'une classe", termine-t-il.

Des nouvelles mesures efficaces?

Grande nouveauté pour cette rentrée, un décret prévoit que, désormais, l'enfant harceleur pourra être changé d'établissement afin d'éviter ce changement à celui qui en est victime.

Sur cette mesure, invité sur notre antenne ce dimanche, Gilles Langlois, secrétaire national SE UnSa pointe le manque de moyens qui l'accompagne. "Il ne faut pas simplement décréter une mesure nationale, ça ne suffit pas, il faut se donner les moyens", dit-il.

Selon lui, ce décret comporte deux écueils majeurs: "si un élève harcelé reste et que d'autres harceleurs non identifiés restent aussi, il n'est pas sûr que cela s'arrête", dit-il, avant de nouveau de fustiger un manque de moyens pour faire appliquer le décret.

"C'est difficile à repérer, ça demande un travail de l'ensemble de l'équipe, il faut du temps, des moyens pour le faire", termine-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com