Exposition Dolce & Gabbana : splendeur et opulence au Grand Palais

Exposition Dolce & Gabbana : splendeur et opulence au Grand Palais

Paris, berceau de la haute couture et du luxe, accueille aujourd'hui une puissance rivale et célèbre le savoir-faire italien.

Le message, comme le dit l'historienne de la mode Florence Müller, commissaire de l'exposition, est clair : "Oui, les Italiens savent s'y prendre".

L'exposition "Du cœur à la main", qui se tient du 10 janvier au 31 mars, est plus qu'une rétrospective des 40 ans de la prestigieuse maison Dolce & Gabbana : c'est un hommage à l'histoire commune et interconnectée de la mode elle-même.

"L'histoire de la couture est mondiale", explique Mme Müller. "La broderie, la dentelle, le brocart existaient bien avant la couture parisienne, en Italie, en Inde et ailleurs".

L'univers fastueux de Dolce & Gabbana s'invite au Grand Palais.
L'univers fastueux de Dolce & Gabbana s'invite au Grand Palais. - Thibault Camus/AP Photo
Un bal en Sicile ? Non, une expo à Paris.
Un bal en Sicile ? Non, une expo à Paris. - Credit: Thibault Camus/AP Photo

Domenico Dolce et Stefano Gabbana se sont croisés pour la première fois dans une boîte de nuit milanaise, cinq ans seulement avant de lancer leur entreprise. À l'époque, ils travaillaient tous deux pour le créateur de mode Giorgio Correggiari. Après quelques années de collaboration, ils se sont permis de rêver.

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En 1982, ils quittent leur employeur pour créer un studio de conseil en stylisme indépendant. En 1986, la première collection de Dolce & Gabbana rencontre un succès immédiat.

Sur 1 200 mètres carrés du Grand Palais récemment rénové, l'exposition présente plus de 200 modèles des collections Alta Moda et Alta Sartoria de la marque, ainsi que 300 accessoires et objets fabriqués à la main, dont des céramiques siciliennes.

L'exposition événement donne à voir et à vivre la folle créativité du couple emblématique, la grandeur baroque à la source de leur inspiration, un maximalisme sans équivoque et sans peur d'embellir la réalité.

Parmi les pièces maîtresses, une robe inspirée du verreries de Murano, à Venise, est incrustée de mosaïques de verre sorties du four d'Orsoni Venezia 1888.

Depuis 1888, Orsoni produit des carreaux en émail de verre et en feuilles d'or pour la restauration conservatrice du cycle de mosaïques des dômes et de la façade de la basilique Saint-Marc.

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Florence Müller a décrit la robe comme "une sculpture sur textile, de l'artisanat pur, élevé au rang d'art".

La magie Dolce & Gabbana.
La magie Dolce & Gabbana. - Credit: Thibault Camus/AP Photo

L'opéra occupe le devant de la scène. Une robe de velours noir adoucie par des ornements dorés capture tragédie lyrique de "Norma" de Bellini, tandis qu'une robe bleue romantique pour "La Traviata" de Verdi coule comme une aria, ses couches de tulle chuchotant l'amour et la perte.

Les icônes de la marque, telles que Sophia Loren et Naomi Campbell, sont immortalisées dans des peintures géantes. L'opéra italien classique et les mélodies folkloriques siciliennes traditionnelles constituent la bande-son des différents espaces.

Mais l'exposition "Du cœur à la main" ce n'est pas seulement des pièces finies. Cinq véritables couturières de l'atelier milanais de Dolce & Gabbana travaillent in situ, fabriquant corsages, bustiers et corsets sous les yeux des visiteurs.

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"Cette couturière coud de la dentelle pour former une robe, tandis qu'une autre drape du tissu à la main", explique Mme Müller. "C'est extraordinaire. Ce n'est pas seulement de la mode, c'est de l'art".

L'occasion de mettre en valeur le travail des équipes de la griffe italienne.
L'occasion de mettre en valeur le travail des équipes de la griffe italienne. - Thibault Camus/AP Photo

La Sicile, lieu de naissance de Domenico Dolce, est au cœur de la collection. Les charrettes siciliennes traditionnelles peintes à la main, les céramiques et les techniques de fabrication de la dentelle sont intégrées à la couture. L'exposition souligne également les influences lointaines de la mode, souvent ignorées.

"Les produits de luxe et les artisans ont voyagé plus qu'on ne le pense", explique Mme Müller. "La soie et les brocarts utilisés au château de Versailles provenaient d'Inde, et des artisans italiens ont été engagés pour réaliser la galerie des Glaces... La mode est faite d'échanges et d'inspirations constants. Cette exposition révèle ce que le temps a oublié".