Explosions de bipeurs du Hezbollah: les appareils piégés par Israël avant leur livraison au Liban?
Un scénario digne d'un film d'action hollywoodien. L'explosion simultanée ce mardi 17 septembre à travers le Liban de bipeurs utilisés par le Hezbollah a été causée par Israël, ont annoncé, sous couvert d'anonymat, des responsables américains au New York Times. CNN évoque de son côté une opération conjointe menée par l'armée israélienne et les services de renseignement de l'État hébreu, le Mossad.
Les bipeurs, qui permettent d'envoyer et recevoir un message sur son propre réseau, ont été commandés par le Hezbollah à Gold Apollo, une entreprise basée à Taïwan qui nie cependant les avoir fabriqués du "début à la fin".
Une petite charge explosive dans chaque bipeur
Bien que largement remplacé par les smartphones, le bipeur reste un appareil très fiable, indépendant des réseaux télécoms classiques et à la durée de vie très longue. Il a connu un véritable succès dans les pays anglo-saxons durant les années 80 jusqu'à la fin des années 90. On en retrouve encore de nos jours en milieu hospitalier.
Plus de 3.000 exemplaires, essentiellement du modèle AP924, avaient été commandés par le Hezbollah à l'entreprise Gold Apollo de Taïwan, affirment les sources citées par le quotidien.
Selon les sources citées par le New York Times, les appareils ont été trafiqués par des agents israéliens avant qu'ils n'arrivent au Liban. Chaque bipeur a été piégé avec une petite charge explosive de 30 à 50 grammes placée au niveau de la batterie. Un déclencheur avait également été installé afin que les appareils explosent de manière coordonnée, à la réception d'un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah.
Quel service israélien a coordonné cette opération sans précédent? Tous les regards se tournent vers le Mossad, qui pourrait avoir infiltré la chaîne d'approvisionnement, selon Charles Lister, expert au Middle East Institute. Ce mardi, Israël n'avait pas commenté ces explosions.
Le Hezbollah promet un "juste châtiment" à Israël
Au moins neuf personnes ont été tuées et près de 2.800 autres blessées, selon le ministère de la Santé, lors de cet incident sans précédent. Parmi les morts figure une fillette de dix ans tuée par l'explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d'un député du mouvement.
L'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a également été blessé, a annoncé la télévision iranienne.
Le Hezbollah a affirmé qu'Israël était "entièrement responsable" de ces explosions et assuré qu'il allait "recevoir son juste châtiment", tandis que le Hamas a dénoncé une "agression terroriste sioniste". Il a affirmé mercredi dans la matinée qu'il "continuera" ses opérations de soutien à Gaza.
Les États-Unis, premier allié d'Israël, n'étaient "pas au courant" à l'avance des explosions, a affirmé le département d'État, en exhortant l'Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région.
Cette série d'explosions marque une "escalade extrêmement inquiétante", a affirmé l'ONU. Dans ce contexte à hauts risques, le secrétaire d'État américain Antony Blinken est attendu mercredi en Egypte pour discuter d'une nouvelle proposition de compromis en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des dizaines d'otages qui y sont retenus, selon le département d'État.