Explosions au Liban : le bipeur, cet ancêtre du téléphone portable « piraté » pour attaquer le Hezbollah

C’est quoi le bipeur, cet ancêtre du téléphone portable piraté pour attaquer le Hezbollah (image d’illustration)
Steven Puetzer / Getty Images C’est quoi le bipeur, cet ancêtre du téléphone portable piraté pour attaquer le Hezbollah (image d’illustration)

TECHNOLOGIE - Tam Tam, Tatoo, Kobby… Si vous avez moins de 25 ans, ces mots ne vous disent probablement rien. Dans les années 1980 et 1990 pourtant, ces marques de « bipeurs » commercialisés par les grands opérateurs mobiles français avaient un grand succès. Et c’est cet ancêtre du téléphone portable qui a été visé dans une attaque de grande ampleur au Liban, ce mardi 17 septembre.

Liban : des membres du Hezbollah blessés par l’explosion de leur bipeur, un « piratage israélien » mis en cause

L’armée israélienne est en effet accusée d’avoir « piraté » des dizaines de ces « bipeurs » aussi appelés « pagers » que possédaient des membres du Hezbollah libanais, allié du Hamas. Les explosions ont fait au moins neuf morts et 2 800 blessés, dont des centaines de membres du mouvement islamiste soutenu par l’Iran.

Le premier bipeur de Motorola, le Pageboy 1 créé en 1964, permettait d’envoyer par téléphone une alerte sonore sur un boîtier. À partir des années 1980, la technologie s’est perfectionnée, permettant de recevoir des messages, alertes sonores ou numéros de téléphone en utilisant une fréquence radio propre et donc sans passer par les réseaux de téléphonie mobile, qui peuvent connaître interruptions, problèmes de connexions ou interception des communications.

Selon la société Spok, 61 millions de bipeurs étaient en circulation dans le monde en 1994. Plus de 2,3 millions de personnes en détenaient en France en 1998, avant que les portables n’en sonnent le glas. Un reportage de Brut en 2022 reprenant des images d’archive expliquait leur fonctionnement, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Ces petits boîtiers électroniques qui s’accrochent à la ceinture ou se glissent dans une poche continuent d’être employés aujourd’hui pour communiquer dans certains secteurs en raison de leur fiabilité « en cas de panne d’un réseau wifi ou de téléphonie », assure le fabricant de bipeur Discover Systems sur son site internet.

Ainsi selon une étude du Journal of Hospital Medicine parue en 2017, près de 80 % des médecins hospitaliers interrogés utilisaient des bipeurs et la moitié des messages reçus par ce biais étaient liés aux soins apportés aux patients. Les fans de Dr House ou autre séries hospitalières auront ainsi peut-être remarqué l’utilisation des bipeurs par les soignants.

Le Hezbollah a reçu « mille appareils »

Comme en témoignent les explosions au Liban, les membres du Hezbollah semblent aussi avoir adopté ce mode de communication dépassé notamment pour contourner une couverture mobile faible ou saturée. Plus tôt dans l’année, des membres du Hezbollah interrogés par Reuters ont également révélé avoir récemment basculé sur l’usage des bipeurs pour éviter d’être traqué et repéré par Israël sur les téléphones portables classiques.

Selon une source proche du mouvement à l’AFP, « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de mille appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ». Ces bipeurs visés étaient de marque Apollo, dont le fabricant est basé à Taïwan, rapporte Reuters.

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