Explosions à Beyrouth: un mois après, quelle est la situation sur place?

Le port de Beyrouth, le 21 août.  - AFP
Le port de Beyrouth, le 21 août. - AFP

Le 4 août dernier, la capitale libanaise était victime de deux énormes explosions qui ont fait 188 morts et plus de 6500 blessés. Un mois plus tard, le Liban est toujours en grande difficulté et aurait besoin de 605 à 760 millions de dollars à court-terme pour se relever, selon la Banque mondiale. C'est dans ce contexte difficile que le président Français Emmanuel Macron est attendu sur place par son homologue libanais Michel Aoun, pour la deuxième fois en un mois.

Le port offre toujours un visage de dévastation

De retour sur les lieux, le chef de l'Etat français constatera que le port de la ville, d'où sont parties les explosions, offre toujours un visage de dévastation: hangars démantibulés, silos éventrés, navires sur le flanc ou projetés sur le quai, façades d'immeubles de bureaux ou d'habitation ouvertes aux quatre vents...

Mais, petit à petit, les zones déblayées s'étendent. Grâce au travail effectué par plus de 400 militaires libanais et 400 soldats français, à la tâche "jour et nuit, par des températures allant jusqu'à 40 degrés", selon le colonel Antoine de la Bardonnie. A la tête du régiment étranger de génie, cet expert est à pied d'oeuvre avec ses hommes et 150 véhicules depuis leur arrivée à bord du porte-hélicoptères Tonnerre, dix jours après l'explosion qui a fait au moins 188 morts.

"Quelque 22 hectares sur 35 ont déjà été déblayés", indique-t-il, en désignant des monceaux d'acier et de ciment qu'emportent des camions bennes chargés par des tractopelles.

La partie du port située autour de l'épicentre de l'explosion reste cependant inaccessible aux engins de déblaiement: elle est laissée en état le temps que soit terminée l'enquête sur les causes du drame, provoqué par la présence d'une énorme quantité de nitrate d'ammonium stockée dans un entrepôt.

Nouveau Premier ministre

Depuis la précédente visite du président français, le 6 août, le gouvernement libanais s'est dissous et un nouveau Premier ministre a été nommé à la hâte, ce lundi. Moustapha Adib, professeur d'université et ancien ambassadeur en Allemagne, aura la lourde tâche de rassembler dans un pays totalement morcelé depuis les explosions.

La création d'un nouveau gouvernement était d'ailleurs l'un des points suggérés par Emmanuel Macron dans sa feuille de route.

Une nouvelle classe politique demandée par les Libanais

Les deux explosions qui ont causé presque 8 milliards de dollars de dégâts et de pertes économiques ont plongé les habitants dans un marasme. De nombreuses manifestations ont grondé dans la capitale, réclamant la démision du gouvernement et un renouvellement de la classe politique. Des milliers de Libanais avaient notamment pris d'assaut les ministères des Affaires étrangères et de l'Energie, lors des mobilisations populaires.

Sourd jusque-là à la contestation populaire, le président Michel Aoun a annoncé lors du centenaire du Liban, célébré mardi 25 août, la nécessité de changer de système politique. Une nouvelle ère qui passerait selon lui par la proclamation d'un "Etat laïc" dans un pays où les communautés religieuses se répartissent le pouvoir. Quelques heures plus tôt, le chef du puissant Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'était également dit prêt à discuter d'un nouveau "pacte politique" au Liban.

"Parce que je suis convaincu que seul un Etat laïc est capable de protéger le pluralisme, de le préserver en le transformant en unité réelle", a déclaré Michel Aoun, lors d'un discours à l'occasion du centenaire du Liban.

Près de 300.000 Libanais toujours sans logement

Depuis les évènements du 4 août, la communauté internationale a mis en place des ponts aériens et maritimes pour acheminer de l'aide. Toutefois, aucun plan de logement n'a été annoncé pour reloger les 300.000 personnes dont les domiciles ont été endommagés ou détruits.

Selon la Banque Mondiale, le logement, tout comme les transports et la culture seraient les principales dépenses à venir. Les prévisions indiquent également une baisse significative du produit intérieur brut (PIB) de 0,4 point supplémentaire en 2020 depuis les explosions et de 0,6 point l'an prochain, selon ses prévisions. Avant les explosions, l'organisme avait anticipé un recul du PIB de 10,9% en 2020.

Article original publié sur BFMTV.com