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Explosions à Beyrouth: Michel Aoun estime que "toutes les hypothèses sont d'actualité"

Le président libanais Michel Aoun  - BFMTV
Le président libanais Michel Aoun - BFMTV

Moins de deux semaines après les explosions de Beyrouth qui ont fait 171 morts et détruit une grande partie de la ville, le président du Liban Michel Aoun a pris la parole, dans une interview exclusive accordée à BFMTV. Au pouvoir depuis octobre 2016, ce dernier, qui a vu son gouvernement démissionner plus tôt dans la semaine, a été la cible de la colère des Beyrouthins, qui accusent les autorités de corruption et de clientélisme.

"La situation est très complexe"

En ce qui concerne l'enquête liée au drame, Michel Aoun l'a assuré, "toutes les hypothèses sont encore d'actualité", estime-t-il, après avoir, lors d'une conférence de presse, assuré que l'origine des explosions pouvait être due à de "la négligence", ou bien à "un missile."

De fait, le président libanais a assuré que "l'enquête ne pourrait pas aboutir très rapidement comme on le souhaitait."

"Nous avons la volonté de faire aboutir l’enquête très rapidement. Nous avons découvert également que la situation est très complexe. [...] À ma demande, avant sa démission, le gouvernement a demandé au Conseil judiciaire de s’occuper de superviser l’enquête et de désigner un magistrat indépendant pour qu’il enquête dans ce crime", détaille-t-il.

Michel Aoun a également assuré que des enquêteurs internationaux se trouvaient actuellement au Liban. "Nous avons de l’aide par des experts étrangers comme des Français ou le FBI américain qui nous aident surtout en matière technique."

"On m’appelle le père du peuple"

Dès les premières heures qui ont suivi le drame, le peuple libanais s'est regroupé en masse dans les rues de la capitale afin de demander la démission du gouvernement. Face à cette colère, que Michel Aoun assure avoir "compris", le chef d'État a estimé être du côté du peuple.

"Moi, je suis issu du peuple. On m’appelle le père du peuple. Pour moi, c’est si dur d’entendre cela. Je suis avec eux, je partage leur douleur", détaille-t-il.

Pour autant, Michel Aoun assure ne jamais avoir songé à quitter le pouvoir malgré la pression populaire.

"C’est impossible car ceci nous conduirait à un vide de pouvoir. Le gouvernement a démissionné. Supposons que, moi le président, je démissionne : qui assurera le suivi du pouvoir ? Si je démissionnais, il faut tout de suite organiser des élections. Mais la situation actuelle dans le pays ne permet pas d’organiser de telles élections qui représenteraient réellement le peuple", martèle-t-il.

Pas d'ingérence de Macron

Au cours de son entretien à BFMTV, Michel Aoun est également revenu sur la visite d'Emmanuel Macron quelques jours après le sinistre. Il fut le premier chef d'État à se rendre au Liban après les explosions.

Le président libanais y a vu un geste "positif", et selon lui, "les Libanais ont beaucoup apprécié cette visite."

"Nous le remercions de nous rendu visite très rapidement ainsi que pour ses sentiments vis-à-vis du Liban. Et nous le remercions parce qu’il a pu voir personnellement l’ampleur des dégâts. Ceci, justement, l’a aidé à réunir la conférence de Paris très rapidement pour l’aide au Liban", a-t-il ajouté.

En revanche, Michel Aoun balaie les accusations d'ingérence de la part du président français.

"Je ne pense pas qu’il y ait ingérence dans nos affaires intérieures. Bien au contraire, je dirais que ça provient justement de l’amour qu’a le président Macron pour le Liban. [...] Lorsque quelqu’un vient pour prendre la main de l’aide, ceci ne s’appelle pas ingérence dans les affaires de l’autre. Il a le droit de donner des conseils pour que le travail soit bien fait."

En guise de conclusion, ce dernier a assuré que de l'ingérence serait "s'immiscer dans la désignation d'un gouvernement" ce qui, elon ses propres dires, n'a pas été fait.

Article original publié sur BFMTV.com