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Comment expliquer le faible score du Rassemblement national aux élections régionales?

La président du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen vote au 1er tour des régionales à Hénin-Beaumont en présence du maire de la ville Steeve Briois (d), le 20 juin 2021 - DENIS CHARLET © 2019 AFP
La président du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen vote au 1er tour des régionales à Hénin-Beaumont en présence du maire de la ville Steeve Briois (d), le 20 juin 2021 - DENIS CHARLET © 2019 AFP

Il partait en tête dans plusieurs régions pour ces élections régionales, mais c'est finalement la déception qui prévaut: le Rassemblement national n'est arrivé premier qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec la liste menée par Thierry Mariani.

Dès les premiers résultats, la présidente du RN Marine Le Pen a fustigé ses électeurs, coupables, selon elle, de ne pas s'être suffisamment mobilisés.

"Nos électeurs ne se sont pas déplacés. C’est pourquoi je les appelle au sursaut. Dimanche prochain, déplacez-vous et votez!", a-t-elle intimé.

Mais pour Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique à BFMTV, les causes de la débâcle du RN sont plus complexes:

"Engueuler les électeurs pour les faire revenir aux urnes, je ne suis pas certain que ce soit très judicieux comme stratégie", a-t-il d'abord exprimé.

Matthieu Croissandeau valide cependant le diagnostic de Marine Le Pen, mais pour des raisons que cette dernière ne cite pas.

"C’est vrai que l’abstention frappe le Rassemblement national", explique-t-il, "puisque ce parti achève sa banalisation".

Pour lui, les efforts du RN pour effacer son image de parti frontiste l'ont rendu vulnérable au détachement démocratique qui touche la France depuis plusieurs années, et qui a atteint des sommets ce week-end.

"Cette abstention est moins l’expression d’un rejet que d’un désintérêt pour ces élections", estime l'éditorialiste, qui invoque un "manque de lisibilité" du système politique français.

Les jeunes attendent la présidentielle pour voter RN

Pour Isabelle Veyrat-Masson, directrice du laboratoire de communication et politique au CNRS, cette élection n'était pas celle du Rassemblement national. Elle valide l'existence d'une "prime au sortant" dénoncée par Sébastien Chenu, tête de liste RN arrivé deuxième dans les Hauts-de-France, loin derrière Xavier Bertrand.

"Les Français sont reconnaissants à l’égard de ce qui s’est passé durant la pandémie, vis-à-vis des dirigeants des régions et des départements. Ils leur rendent hommage en élisant à nouveau ceux qui étaient déjà élus", décrypte-t-elle.

Pour autant, elle ne considère pas que le résultat moins élevé qu'attendu du Rassemblement national lors des élections soit l'expression d'un essoufflement du parti.

"Les jeunes qui votent Rassemblement national attendent leur moment, celui de la présidentielle", explique-t-elle.

Pour Isabelle Veyrat-Masson, il faut donc chercher chez les jeunes, qui forment le gros des troupes des abstentionnistes, les vrais responsables du faible score du RN. Et la source d'un potentiel retournement de situation en 2022.

Article original publié sur BFMTV.com