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Une expérience de la ville

Hong Kong est une ville faite de couches très contrastées et très serrées. La ville surgit d’une végétation luxuriante, montre une façade maritime futuriste pour prendre au-delà l’aspect d’un lacis de ruelles serrées qui n’ont aucune ressemblance avec sa façade.

Le marcheur qui s’aventure notamment au cœur de la vieille cité de Victoria, sur la colline, découvre une autre ville, plus ancienne, faite de petites rues entrelacées, de bâtiments aux façades délavées, parfois noircies par les intempéries, où s’enchevêtrent des réseaux de câbles éclectiques qui pendent des toits. Une ville livrant un combat silencieux contre la nature qui tente de la reprendre pour y imposer son ordre végétal. Des plantes d’abord minuscules ne cessent de germer dans les moindres interstices de la chaussée, des arbres s’accrochent aux conduits extérieurs des égouts sur les façades, se nourrissant des moindres fuites. De vieux banians aux troncs envahissants plongent leurs racines au plus profond de la cité comme s’ils en cherchaient l’histoire ancienne.

Les nombreuses strates de la ville cachent un passé à demi effacé ou volontairement détruit et c’est à sa recherche que se lancent les jeunes générations d’artistes. La photographie, l’architecture, l’écriture et le théâtre jouent un grand rôle dans cette recréation d’espaces urbains et de mémoire. Le tissu même de la ville – vieilles inscriptions sur les murs, papiers peints, objets domestiques populaires, vieilles légendes et histoires de fantômes –, tout est signifiant.

Milan noir au dessus de Victoria Park, à Hong Kong.. Dessin Gérard Henry
Milan noir au dessus de Victoria Park, à Hong Kong.. Dessin Gérard Henry

Une culture très urbaine

Toute cette production prend parfois des aspects intimes et personnels à travers l’évocation de l’enfance et de la famille, ce qui restreint de beaucoup la portée de cet art parfois inintelligible aux outsiders. Au cours des années, il est cependant devenu d’intérêt universel car il est le reflet d’une expérience de la ville et devient d’actualité dans d’autres mégalopoles dont la modernité est plus tardive.

La pression du temps dans cette ville toujours affairée, la vitesse, l’effacement constant du passé, l’oppression de l’espace réduit, l’histoire locale sont des éléments qui ressortent chez de nombreux artistes qu’ils soient plasticiens, écrivains ou poètes. “Tout va si vite ici qu’on ne vous permet pas de savoir ce qui arrive réellement. Nous devons faire face aux difficultés dans un temps limité. L’appréciation de la vie semble un luxe. La répétition est le modèle de notre vie quotidienne. Le sens de la découverte ne semble plus faire partie de notre nature. Les gens viennent, les gens partent. Le temps vient, le temps part. Hong Kong est une cité pressée”, explique le vidéaste Lam Yiu Tong alors que dans un poème Au Ka-lai exprime l’extrême pression qu’exerce cette ville qui ne se repose jamais :

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