EXCLU "Ca a été un tsunami pour moi" : Géraldine Maillet revient sur l'épreuve "totalement inattendue" qui a bouleversé sa famille

Le 25 septembre 2024, Géraldine Maillet a sorti son nouveau livre "Ma Minuscule" (aux éditions Harper Collins). Un ouvrage très personnel dans lequel la chroniqueuse de "Touche pas à mon poste" revient sur un drame familial survenu il y a un an et demi. Auprès de "Purepeople", elle s'est livrée sur cette épreuve et ce projet.

Alors qu'elle était tout de même chaque soir dans Touche pas à mon poste (C8), les téléspectateurs étaient loin de se douter de l'épreuve que Géraldine Maillet vivait en dehors du plateau de tournage. Le 29 janvier 2023, sa grand-mère, qu'elle surnomme tendrement Mamie Tétie, a fait un AVC lors d'un déjeuner en famille. Un événement bouleversant pour ses proches et elle qu'elle a souhaité mettre sur papier avec le livre Ma Minuscule, sorti le 25 septembre dernier aux éditions Harper Collins. La compagne de Daniel Riolo se livre sur l'année qui a suivi le drame. De l'arrivée de sa grand-mère aux soins intensifs, à son changement de comportement puis à son arrivée en EHPAD. Elle qui était aux premières loges, puisqu'elle a accompagné sa grand-mère de A à Z, délivre un récit émouvant et sans filtre qui ne laissera personne indifférent. A cette occasion, Purepeople a eu le plaisir de l'interroger sur ce beau projet.

Comment ce projet est-il né ?

Il est né au fil des jours et des semaines de mon accompagnement à ma grand-mère. Quand elle a eu son AVC devant moi de manière totalement inattendue - même si elle était très âgée - lors d'un déjeuner familial, ça a été un tsunami pour moi. Je pense que j'ai voulu écrire ça pour traverser ce moment-là avec elle, pour elle et pour rendre hommage à tous ceux qui traversent cette période en même temps que moi, en particulier les soignants, qui étaient invisibles à ses yeux, puisqu'elle n'était plus vraiment très cohérente, mais qui était visibles pour moi. Ils ont été si bienveillants et incroyables. C'est aussi pour montrer la déflagration que c'est dans une famille et ce que ça supposait comme redistribution des cartes par rapport à chacun et à chaque rôle : les enfants, les petits-enfants, les arrières petits-enfants.

Vous avez recueilli le témoignage des soignants ou personnels hospitaliers qui ont croisé la route de votre grand-mère. Pour quelle raison était-ce important pour vous ?

Au fil de ces mois, pendant cette année et demi, je les ai rencontrés et surtout, j'ai constaté quelque chose. On nous disait beaucoup toute la journée qu'on mourait aux urgences, qu'il y avait de la maltraitance. Oui, mais moi j'ai vu autre chose. J'ai vu au contraire beaucoup d'efficacité, beaucoup de compassion. Du coup, je voulais aussi rendre hommage à ça. On parle souvent des trains qui arrivent en retard, mais je trouvais que c'était important aussi de rendre hommage à tout ce service de santé qui s'est déployé. Car quand ma grand-mère a fait son AVC, c'était un dimanche, il était 14 heures. L'arrivée des pompiers pour les premiers secours s'est fait dix minutes après et c'était dix minutes interminables. Je me suis dit : "Elle va mourir", "elle aura des séquelles irréversibles et ce sera un légume" ou "Les pompiers vont arriver et se dire 'à quoi bon, on doit sauver des jeunes ou des accidents'. Est-ce qu'aujourd'hui en France, on soigne des dames de 93 ans qui viennent de faire un AVC ? En fait, ils l'ont sauvée avec les mêmes gestes, la même attention, la même attention et la même bienveillance que pour n'importe quelle personne. Ça m'a bouleversée. C'est pour ça que j'ai mené l'enquête pour aller chercher ceux qui sont venus en aide à ma grand-mère pour savoir qui étaient ces gens de l'ombre qui l'avaient sauvée.

N'était-ce pas trop difficile de se replonger dans ces souvenirs pour l'écriture du livre ?

Non, parce que j'ai écrit au fil des jours. Dès que je sortais des soins intensifs, de l'hôpital ou de l'EHPAD, j'écrivais le journal de bord de la maladie de ma grand-mère. Après, je me suis dit qu'il manquait quelque chose, que c'était bancal. Oui on la sauve, mais qui la sauve ? Là on lui met une perfusion, mais qui la lui met ? Là on lui donne à manger, mais qui lui donnait à manger ? Là on lui donne la douche, mais qui la lui donne ? Comme c'était des gens que je croisais régulièrement - elle est restée huit mois par exemple à Sainte-Périne -, on tisse forcément des liens. Parce que c'était une petite équipe l'unité Chopin.

Comment votre grand-mère va-t-elle aujourd'hui ?

Avant son AVC, elle vivait seule et était parfaitement autonome. Elle allait faire les courses, elle allait chez le coiffeur, le dentiste etc. Maintenant, la maladie a fait que tout cela n'est plus possible. Il y a tout le process administratif : mise sous tutelle ou vente de l'appartement. Tout doit se mettre en place et c'est très lent. On doit passer devant des juges. Maintenant, elle est placée dans un EHPAD, mais j'appellerais plutôt ça une maison de famille d'anciens. Ce sera, j'imagine, sa dernière demeure.

A-t-elle conscience que vous lui avez dédié ce livre ?

Je lui ai beaucoup dit. Elle est toujours très contente quand je lui dis. Le lendemain, quand je reviens, elle a oublié. Mais elle est de nouveau contente de le découvrir. C'est l'avantage de son monde, c'est ce que m'a dit le neurologue : 'Vous voyez, elle est souvent contente finalement, car tous les jours elle le redécouvre.'

Cette épreuve vous a-t-elle fait appréhender l'avenir ?

Forcément, quand vous traversez ça, même si ça paraît un peu égoïste, il y a une part de nous qui se voit dans 20 ans, 30 ans, 40 ans...Quand j'étais dans le couloir des soins intensifs de réanimation de Corbeilles-Essonne, j'ai fait le tour des champ (avec pudeur bien sûr) en attendant ma grand-mère. J'ai regardé ce couloir très moderne et très impressionnant en même temps. C'était la loterie ! Il y avait plus de femmes que d'hommes, beaucoup de jeunes, des gens obèses et des gens très maigres... Il y avait de tout. C'est là où vous vous dites qu'il faut être humble face à ça. C'est comme Alzheimer, 900 000 personnes sont atteintes de la maladie en France. Il y a deux fois plus de femmes, mais parce qu'elles vieillissent aussi. Donc oui, ça vous renvoie à votre propre vulnérabilité, à votre déchéance, à votre solitude face à ça. Ma grand-mère était très soutenue, on passait tout le temps. Mais il y en a qui n'avaient aucune visite. On se demande ce qui fait qu'il n'y a pas de visites. Comment fait-on en tant qu'enfant de savoir que notre chair est toute seule, comment on accepte ça ? Tout ça se percute dans votre tête et vous rend à la fois fort et plus vulnérable.

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