Laurence Garnier, ex de la Manif pour tous comme ministre de la Famille ? L’hypothèse ne passe pas
POLITIQUE - Sitôt évoquée, sitôt brocardée. Dans la soirée du jeudi 19 au vendredi 20 septembre, une liste des responsables LR proposés par Michel Barnier à Emmanuel Macron en vue de la composition du gouvernement a été révélée dans la presse. Un casting (dont l’officialisation n’aura pas lieu ce vendredi) qui fait la part belle à la droite conservatrice, incarnée notamment par les sénateurs Bruno Retailleau, Patrick Hetzel ou Laurence Garnier.
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Et c’est précisément le cas de cette dernière, sénatrice de Loire-Atlantique, qui a provoqué une levée de boucliers. Pour cause : l’intéressée présente un profil qui tranche radicalement avec le « progressisme » dont s’est souvent targué le camp macroniste. En 2014, l’ancienne vice-présidente du conseil régional des Pays de la Loire défilait dans les cortèges de la « Manif pour tous », s’opposant à la loi Taubira instaurant le mariage entre personnes de même sexe.
Métro bondé ligne 6 pour la Manif' pour tous. Énorme mobilisation ! #LMPT44 #Nantes pic.twitter.com/qIcN2IT4Lg
— Laurence Garnier (@LGarnier44) March 24, 2013
Deux ans plus tard, en 2016, occupant le poste de vice-présidente de la région en charge de la Culture, elle assumait de couper les subventions au festival Cinépride, coorganisé par le centre LGBT de Nantes, au motif que la manifestation ferait la promotion de la gestation pour autrui, la GPA. « Le conseil régional ne peut financer une association faisant la promotion d’une pratique formellement interdite par les lois de la République. La GPA est illégale en France et celles et ceux qui la favorisent […] s’exposent à des poursuites puisque le Code pénal sanctionne l’entremise […] en vue de la gestation pour autrui », justifiait-elle. Un argument contesté par le centre LGBT de Nantes, qui affirmait à l’époque auprès de L’Express que la GPA ne faisait pas partie de ses revendications.
En 2021, Laurence Garnier a refait parler d’elle, en sa qualité de sénatrice cette fois. La raison ? Son vote contre l’interdiction des thérapies de conversion, ces pratiques visant à « guérir » les personnes homosexuelles, bisexuelles ou lesbiennes. Seuls 23 sénateurs ont voté contre : Laurence Garnier en fait partie. Plus récemment, l’élue de Loire-Atlantique a aussi fait partie de la petite partie des parlementaires qui ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG.
Rayée de la liste ?
Sans surprise, ce profil passe très mal, qui plus est pour occuper le ministère en charge des questions familiales. Notamment à gauche. « J’ai plus les mots. Juste une folle colère », s’est indignée sur le réseau social X l’insoumise Manon Aubry. « Les Français n’ont pas voté contre la constitutionnalisation de l’IVG, contre le mariage pour tous, contre l’interdiction des thérapies de conversion. Laurence Garnier ministre de la famille serait une trahison de plus du vote des Françaises et des Français », a alerté de son côté le député socialiste Karim Benbrahim, tandis que la sénatrice Laurence Rossignol s’interroge : « Personne n’a mis de ligne rouge ? ».
1) Alors qu’on ne parle que de culture du viol et de patriarcat , personne ne parle du ministère des droits des femmes. Tout le monde s’en fout?
2) Circulent des noms de parlementaires qui ont voté c/la constitutionalisation de l’IVG. Personne n’a mis une ligne rouge? #Barnier— Laurence Rossignol (@laurossignol) September 19, 2024
Il n’y a pas qu’à gauche que le profil fait grincer des dents. Selon nos informations, plusieurs cadres du camp présidentiel ont également tapé du poing sur la table. « Laurence Garnier, c’est vraiment très compliqué. En plus elle était antivax », soufflait au HuffPost dans la soirée un stratège macroniste, en référence à l’opposition de l’intéressée au pass sanitaire en 2021.
Selon BFMTV et franceinfo, le nom de celle qui pourrait succéder à Sarah El Haïry, première ministre en exercice à avoir fait son coming out et par ailleurs maman depuis peu, a été biffé par le chef de l’État. Auprès du HuffPost, l’Élysée temporise en expliquant que le président de la République n’a pas à rayer des noms proposés par Michel Barnier. « Pour le reste, il peut appeler l’attention du Premier ministre sur des points de vigilances », précise-t-on de même source. Ce qui est une autre façon de le dire.
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