Un ex-diplomate nord-coréen affirme que Kim Jong-un reprendra les discussions sur le nucléaire si Donald Trump est élu

La reprise de discussions envisagée? Un ancien diplomate nord-coréen de haut rang affirme ce jeudi 1er août à l'agence Reuters que Pyongyang voudrait rouvrir les discussions sur le nucléaire avec Washington, mais qu'il ne le fera que si Donald Trump est élu président des États-Unis en novembre prochain, dans sa première prise de parole à un média occidental depuis son exil de Corée du Nord.

Ri Il Gyu était un diplomate nord-coréen en poste à Cuba. En novembre dernier, il a fait défection pour rallier la Corée du Sud, faisant de lui le diplomate le plus haut placé à avoir franchi le pas depuis 2016.

Selon lui, la Corée du Nord, qui possède l'arme nucléaire, souhaite rouvrir les négociations sur le sujet avec les États-Unis tout en renforçant dans le même temps ses liens avec la Russie, pourtant ennemie de Pyongyang.

Un possible changement de stratégie de Kim

Candidat à la Maison Blanche, après avoir déjà été président de 2016 à 2020, Donald Trump avait mené une politique de la corde raide et avait entretenu des échanges diplomatiques sans précédent avec Kim Jong-un pendant sa présidence, le rencontrant à plusieurs reprises.

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Selon Ri Il Gyu, Pyongyang se prépare à une éventuelle élection de l'homme d'affaires américain dans le but de négocier une levée des sanctions sur ses programmes d'armement, mais aussi l'annulation de sa présence sur la liste des États soutenant le terrorisme et pour obtenir une aide économique.

Si les propos de l'ancien diplomate venaient à se confirmer, ils signeraient un changement de position de la part du leader nord-coréen qui rejetait récemment toute discussion avec les États-Unis.

3 rencontres entre Kim et Trump pendant sa présidence

De fait, la Corée du Nord s'est dite le 25 juillet dernier "tout à fait prête pour une confrontation en règle avec les États-Unis". Ces propos intervenaient en réponse aux propos de l'ancien président Donald Trump, qui avait loué plus tôt cette semaine-là sa relation avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et alors que les États-Unis avaient débuté des exercices militaires aériens avec la Corée du Sud.

"Je m'entends bien avec lui", avait déclaré l'homme d'affaires à l'élection présidentielle américaine de novembre, et qui a rencontré Kim Jong-un à trois reprises sous sa présidence sans parvenir à un accord.

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Dans son communiqué, Pyongyang a souligné que Donald Trump n'avait "apporté aucun changement positif substantiel". "Quelle que soit l'administration prenant le pouvoir aux États-Unis, le climat politique, qui est troublé par les querelles intestines entre les deux partis, ne change pas. Par conséquent, nous ne nous en préoccupons pas", assurait le communiqué.

Échec des négociations en 2019

Un sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un avait échoué en 2019 en raison des sanctions pesant sur les programmes d'armement nord-coréen.

Rim Il Gyu en a imputé en partie la responsabilité au dirigeant nord-coréen, l'accusant d'avoir nommé des militaires "inexpérimentés et ignorants" en charge du nucléaire.

"Kim Jong-un ne connaît pas grand-chose aux relations internationales et à la diplomatie, ni à la bonne façon d'élaborer des stratégies", a taclé le diplomate.

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Il estime cependant qu'en cas de nouvelle élection de Donald Trump, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères pourrait cette fois "prendre les choses en main" et qu'il ne serait "pas si facile pour Trump de mener la Corée du Nord à la baguette sans rien donner en retour".

Les défections de hauts dirigeants en hausse

L'ex-diplomate a fait défection en Corée du Sud en novembre dernier, quelques mois avant que Séoul et La Havane n'établissent des relations diplomatiques.

Responsable des affaires politiques au sein de l'ambassade de Pyongyang à Cuba depuis 2019, il avait pour mission "de faire obstruction à l'établissement de relations diplomatiques entre la Corée du Sud et Cuba", indiquait en juillet le Chosun Daily.

Dans une interview au média sud-corée, Ri Il Kyu a raconté qu'il avait décidé de faire défection après que Pyongyang eut rejeté sa demande de traitement médical au Mexique à la suite d'une blessure et alors qu'il n'avait pas pu recevoir le traitement nécessaire à Cuba par manque d'équipement spécialisé.

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Le ministère nord-coréen de l'Unification a fait état d'un nombre croissant de défections de la part de membres de la classe dirigeante nord-coréenne. Elles ont, selon lui, concerné une dizaine de personnes sur les 196 défections enregistrées en 2023, soit le nombre le plus élevé depuis des années.

Article original publié sur BFMTV.com