Evolution : l’orgasme, un fascinant mystère

Les biologistes observent aujourd'hui que la recherche du plaisir sexuel n'est pas l'apanage de l'espèce humaine, et s'interrogent sur l'avantage évolutif qu'il a pu procurer.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°208 daté janvier/ mars 2022.

Pourquoi des femelles gorilles prennent-elles le temps de se courtiser, en vocalisant et paradant ? "Pourquoi se frottent-elles l’une à l’autre, s’accouplent-elles vulve contre vulve, ou pressent-elles leur appareil génital sur le dos d’une partenaire ?" Le tout en se "dissimulant à l’abri des feuillages et du regard du mâle dominant". Ce sont les questions que Cyril Grueter, de l’Université d’Australie occidentale, et Tara Stoinski, du zoo d’Atlanta (États-Unis), se sont posées le plus sérieusement du monde après avoir observé ce comportement, deux ans durant, dans deux clans différents de Gorilla beringei beringei des massifs volcaniques des Virunga, côté rwandais. Ils ont alors passé au crible toutes les hypothèses pour expliquer les pratiques homosexuelles de ces guenons : de la frustration à la coercition en passant par la quête du plaisir, avant de publier leurs conclusions dans Plos One en 2016.

"L'incroyable dépravation" des manchots mâles

Leur démarche analytique est à l'opposé de l'attitude qui a prévalu des siècles durant chez les naturalistes : jugement moral, cécité volontaire, minoration - voire dissimulation - de leurs observations. Par exemple, c'est d'abord en grec dans ses carnets, puis dans un texte réservé à quelques initiés, que l'explorateur de l'Antarctique Georges Murray Levick a fustigé "l'incroyable dépravation" qu'il avait constatée chez les manchots mâles homosexuels de terre Adélie, entre 1910 et 1913. Pas question pour ce gentleman edwardien, dont les notes sulfureuses n'ont été rendues publiques qu'un siècle plus tard, de choquer les esprits !

La propension à l'homosexualité des animaux n'a véritablement explosé à la figure du monde scientifique qu'en 1999, avec la publication par le biologiste américain Bruce Bagemilh d'une somme exubérante, "Animal Homosexuality and Natural Diversity", où il compilait toutes les observations menée[...]

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