Evolution

La pièce s’appelle le Triomphe de l’amour. Celle-ci n’est pas signée Marivaux, mais - de manière un peu moins poétique - Christiane Taubira et François Hollande, auteurs dramatiques de moindre renom. Pourtant, son dénouement n’est guère différent : au terme de tribulations compliquées, c’est bien l’amour qui l’emporte. La guerre du mariage pour tous est finie, la paix des ménages règne. Quelque 7 000 couples homosexuels convolent désormais en toute quiétude chaque année quand ce droit leur était jusque-là dénié. Ces cérémonies sont joyeuses, émouvantes et… bon enfant. Elles sont passées sans drame dans les mœurs et dans les cœurs. Les arguments brandis contre cette réforme se sont tous effacés devant la puissance du sentiment conjugal. La civilisation qu’on disait ébranlée sur ses bases est toujours debout, ni plus ni moins qu’auparavant ; les fondements «anthropologiques» de la société qui voudraient que tout enfant soit né d’une union hétéro se sont révélés pour ce qu’ils étaient : une affabulation à masque scientifique réfutée par les anthropologues eux-mêmes. Quant aux enfants concernés, ils vivent leur vie provisoirement insouciante sans que personne ne puisse soutenir qu’ils souffrent en moyenne de troubles plus importants que les autres. On le sait au moins depuis Victor Hugo : «Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille» - homo ou hétéro - «applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille fait briller tous les yeux», même ceux des catholiques les plus dévots. Personne aujourd’hui ne songe à revenir en arrière, aucun leader, aucun élu ne le demande. Cette évolution réconfortante porte un nom aussi désuet que les mièvres fiancés de Peynet : le progrès.

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