Evacuation de trois camps de migrants à Calais

Les forces de l'ordre ont entrepris mercredi matin l'évacuation de trois camps de migrants à Calais qui regroupaient 600 à 800 personnes. /Photo prise le 28 mai 2014/REUTERS/Pascal Rossignol

CALAIS Pas-de-Calais (Reuters) - Les forces de l'ordre ont entrepris mercredi matin l'évacuation de trois camps de migrants à Calais qui regroupaient 600 à 800 personnes. Les CRS et policiers mobiles sont intervenus un peu avant 08h00 en encerclant le principal camp que les migrants, candidats à l'exil au Royaume-Uni, avaient presque tous quitté d’eux-mêmes pour se regrouper à l’extérieur avec l'appui de bénévoles d’associations humanitaires. Des interprètes ont proposé aux migrants, en plusieurs langues, de monter dans des bus pour être dirigés vers des salles de douche et obtenir de nouveaux vêtements. Craignant d'être conduits vers des centres d’hébergement loin de Calais, peu souhaitaient monter dans les véhicules. L’opération d’évacuation, largement médiatisée et annoncée par la préfecture depuis une semaine, avait été anticipée par les migrants qui ont d’eux-mêmes quitté les trois camps de fortune situés sur le port de Calais. Environ 200 migrants étaient présents aux abords du principal camp vers 08h00 pour dénoncer cette évacuation. Jalal, un Irakien d’une vingtaine d’années, attendait à une centaine de mètres du camp. "C’est triste et ça ne change rien. Je vais mettre ma tente ailleurs, je vais me cacher et ne plus être avec les autres, on sera moins en sécurité et on va devoir se cacher", dit-il. "Mais je reste ici, que voulez vous que je fasse, je vais encore tenter de passer (vers l'Angleterre-NDLR), je ne suis pas venu ici pour renoncer maintenant", ajoute-t-il. Présent sur place, plusieurs dizaines de membres d’associations venant en aide aux migrants ont dénoncé « une opération spectacle qui ne résout rien". "RIEN NE CHANGE" "Je suis scandalisé, dépité. On est au même point que lors de l’évacuation de Sangatte, l’évacuation de la 'jungle', rien ne change, c’est un peu plus calme, avec un peu plus de communication, mais on évacue et tout recommence, des mois, des années après une évacuation, tout est pareil", a déploré Jean-Claude Lenoir, de l’association Salam. "On pourrait au moins avoir le même dispositif que celui mis en place dans les pays en guerre pour les réfugiés : des camps, des mesures d’hygiène minimales, ici, il n’y a rien de cela", a-t-il ajouté. Dix associations parmi lesquelles Médecins du Monde et Le Secours catholique ont publié une "lettre ouverte" dans laquelle elles dénoncent les effets de cette évacuation. "Prise en charge médicale inappropriée, errance des personnes dans la ville de Calais, contrôles policiers quotidiens, violences, désespoir et prise de risques croissante pour tenter un passage vers le Royaume-Uni", écrivent-elles. Des responsables de Médecins du Monde ont dénoncé le traitement contre la gale mis en place par la préfecture « de manière inefficace et en dépit du bon sens ». Une semaine avant l’évacuation, le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, avait annoncé l’évacuation des camps en raison d’une augmentation de la violence et de nombreux de cas de gale. "Le nombre de migrants est tellement important qu’il faut procéder à la fermeture des camps sur le port. On ne peut pas laisser se développer ces camps sinon une 'jungle' va se créer à nouveau", avait-il expliqué. Le centre de Sangatte (Pas-de-Calais), baptisé "la jungle", qui avait accueilli jusqu'à 2.000 migrants pour une capacité de 800 personnes, a été fermé en septembre 2002. (Pierre Savary, édité par Sophie Louet)