En Europe, la surface des forêts se réduit à cause de l'accélération des coupes d'arbres

Une forêt (Photo d'illustration). - Flickr - CC Commons - Tom Burke
Une forêt (Photo d'illustration). - Flickr - CC Commons - Tom Burke

L'Europe a perdu une importante superficie de forêts ces dernières années, révèlent de nouvelles données satellitaires analysées ce jeudi par la revue scientifique Nature. Selon les scientifiques, cette perte en surfaces forestières est due aux coupes de bois qui ont été particulièrement importantes entre 2016 et 2018.

Ces nouvelles données satellites, qui proviennent du projet Global Forest Change mené par le département de géographie de l'université américaine du Maryland, ont permis aux chercheurs de repérer les zones où la végétation s'élevait à plus de cinq mètres de haut. Afin de comparer et de chiffrer la masse de bois abattue en Europe, les scientifiques ont ensuite comparé les estimations de la biomasse forestière entre 2004 et 2018 et les nouvelles données satellites des 26 pays européens.

Intensification des récoltes forestières

"D’au-dessus, on voit la forêt et la ‘non-forêt’, mais on ne peut pas voir la hauteur des arbres (coupés)”, explique à la revue The New Scientist Grégory Duveiller, expert en agronomie du Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne.

Ces données ont d'abord révélé ainsi que la perte de biomasse forestière avait augmenté de 69% en Europe sur la période 2016-2018, par rapport à la période 2011-2015. Et dans le même temps, la superficie de forêts récoltée a augmenté de 49% sur le continent. Il y a donc eu beaucoup plus de récoltes sur une courte période.

Le nombre d'arbres coupés a particulièrement augmenté en Suède et en Finlande: plus de la moitié de la hausse observée concerne ces deux pays nordiques. Des pertes significatives, quoique moindres, ont aussi été observées dans la péninsule ibérique, en Lettonie, Estonie ou encore en Pologne.

Grégory Duveiller rappelle au New Scientist que la Finlande et la Suède ont historiquement d'importantes industries forestières, et que certaines de ces zones vertes sont utilisées pour la production de carburant. Des ressources qui pourraient arriver à maturité, selon le spécialiste.

Un impact sur l'absortion de CO2 de l'Europe?

Le scientifique spécialisé dans la modélisation de la croissance des cultures émet une autre hypothèse: l'augmentation du nombre d'arbres coupés pourrait être liée à la hausse de la demande de produits fabriqués en bois. "Il y a de nombreuses raisons possibles à ce phénomène, mais un lien de cause à effet est difficile à prouver et à quantifier", tempère le scientifique.

"Si les coupes continuent au même rythme, il faudra, pour atteindre un bilan carbone neutre d’ici à 2050, obtenir d’autres secteurs de réductions d’émissions supplémentaires venant compenser le manque à gagner en matière de stockage du CO2”, estime finalement Grégory Duveiller.

Cette réduction du nombre de forêts pourrait avoir pour conséquence d'amenuiser la capacité d'absorbtion du dioxyde de carbone du continent européen. Mais pour l'heure, Grégory Duveiller explique que "nous ne pouvons pas vraiment tirer de conséquences directes de ce phénomène sur les gaz à effet de serre", d'autant que le nombre de forêts tend plutôt à s'accroître en Europe à l'échelle des dernières décennies. Difficile, avec le peu de recul que nous avons actuellement, de savoir si le taux de croissance des forêts européennes sera suffisamment élevé pour compenser les pertes dues aux récoltes.

Article original publié sur BFMTV.com