Europe: L’Azerbaïdjan pressé de libérer les détenus politiques

STRASBOURG (Reuters) - L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté mercredi deux résolutions sévères sur la situation des droits de l’homme en Azerbaïdjan, un peu plus d’un mois après la publication d’articles de presse faisant état de présumées compromissions de certains de ses membres avec ce pays. L’OCCRP, un consortium de presse européen, a affirmé dans une enquête baptisée Azerbaijani Laundromat ("la lessiveuse azerbaïdjanaise") que l’Etat pétrolier avait dépensé 2,5 milliards d’euros entre 2012 et 2014 via des sociétés écrans pour influencer en sa faveur journalistes et personnalités politiques. Dans un communiqué daté du 5 septembre, la présidence azerbaïdjanaise avait démenti ces accusations, affirmant qu'elles étaient "sans fondement". Sans évoquer le sujet, sur lequel elle a lancé une enquête indépendante, l’APCE s’inquiète du manque d’indépendance de la justice azerbaïdjanaise, en dépit de réformes récentes, et demande à Bakou de libérer tous les prisonniers politiques. Cette demande est récurrente depuis que l’Azerbaïdjan a adhéré au Conseil de l’Europe, en 2001. Dans une résolution adoptée par 114 voix contre 24 et 14 abstentions, elle se dit "extrêmement préoccupée par les nombreuses allégations concernant à la fois un climat restrictif pour les activités de l’opposition extra parlementaire et des limitations aux libertés d’expression, de réunion et d’association". Elle demande à l’Azerbaïdjan de mettre en œuvre les "plus de 120 arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme" qu’elle n’a pas ou n’a que partiellement exécutés, concernant notamment le caractère inéquitable de certaines procédures judiciaires. Le texte a été largement amendé par rapport à sa version initiale dont le rapporteur, le libéral belge Alain Destexhe, a démissionné de l’APCE le 16 septembre après avoir été mis en cause par l’enquête de l’OCCRP. Au poste de rapporteur sur l’Azerbaïdjan, Alain Destexhe avait succédé, en janvier 2016, au conservateur espagnol Pedro Agramunt, lorsque celui-ci était devenu président de l’Assemblée. Le nom de ce dernier était lui-même mentionné dans le rapport d’une ONG allemande, European stability initiative, publiée début 2016 sur des soupçons de corruption au bénéfice de l’Azerbaïdjan au sein de l’APCE. Le sénateur espagnol de 66 ans a démissionné de la présidence vendredi dernier pour éviter une procédure de destitution qui serait intervenue lundi, en raison d’une visite controversée qu’il avait effectuée en Syrie. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)