Européennes: Loiseau dramatise les enjeux d’un scrutin "historique"

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - A une semaine des élections européennes, la tête de liste de La République en marche, Nathalie Loiseau, met les bouchées doubles pour convaincre les Français de se rendre aux urnes pour un scrutin aux enjeux "historiques" sous peine de laisser, dit-elle, la main à ceux qui veulent "détruire" l'Union.

Samedi, au Salon Vivatech à Paris, plusieurs membres du gouvernement - Marlène Shiappa, Frédérique Vidal, Cédric O - sont venus prêter main forte à la candidate de la majorité, qui a dû se faire une place dans une campagne jusqu'ici atone où 34 listes se disputent 74 places - 79 si les Britanniques finissent par quitter l’Union européenne - au Parlement européen.

Ce dimanche, elle devait participer, avec ses colistiers et une bonne partie du gouvernement, Premier ministre compris, à un dialogue marathon de 12 heures via les réseaux sociaux pour répondre aux questions des Français sur l'Europe.

L'ancienne ministre a fait samedi le tour des stands de Vivatech, posant des questions et serrant quelques mains, dans ce qui constitue la première campagne électorale de sa vie.

Alors que des sondages annoncent sa liste en retard sur celle du Rassemblement national et que d’autres prédisent une abstention au moins égale à celle de 2014 (57%), le message de l'ex-diplomate au profil "techno", spécialiste des questions européennes les plus pointues, tient en quelques courtes phrases.

"C’est un moment historique important pour l’avenir des Français. Je redis aux Français : 'ne pas voter aux élections européennes c’est risquer de se faire voler son avenir’", a-t-elle dit à Reuters.

"Nous avons le choix : avancer vers une Europe de progrès, de protection, de liberté, ou laisser les populistes, les démagogues et les partis autoritaires prendre la main en Europe, détruire notre projet, combattre les libertés et le progrès. Ce n’est pas ce que je veux pour mon avenir ni pour celui des jeunes générations".

"FIÈRE"

A ceux qui la jugent très en retrait par rapport à Emmanuel Macron, Nathalie Loiseau affirme ne voir que des avantages dans l'implication du chef de l'Etat, en première ligne dans le duel face au RN, qu'il a encore frontalement attaqué vendredi à Biarritz.

"Emmanuel Macron est le leader en Europe en termes de vision, il apporte une énergie nouvelle. Je suis fière de mener la liste qui soutient le président et je suis fière d’avoir son soutien", dit-elle sans façon, fidèle à la consigne de son camp, comme l’expliquait la semaine dernière à Reuters un membre de l’équipe de campagne, "de faire simple et clair."

Une ligne que l'ex-ministre, qui a elle-même reconnu des "maladresses", devrait suivre lors des derniers meetings et débats télévisés prévus toute la semaine, dans le but de réveiller des électeurs jusqu’ici peu motivés par un débat pré-électoral où aucun thème n'a réellement émergé.

Nathalie Loiseau renvoie à l’après-26 mai la question, cruciale, du choix du prochain président de la Commission européenne. Un sujet sur la table du Conseil européen du 28 mai, qui tirera les enseignements du scrutin.

En plus des candidats officiellement déclarés, comme l'allemand Manfred Weber, sous la bannière du Parti populaire européen (PPE, droite), le nom du négociateur pour le Brexit, l’ancien ministre français Michel Barnier, est aussi cité, comme celui de la commissaire européenne danoise Margrethe Vestager, membre de l’Alde, formation en voie de dissolution avec laquelle Emmanuel Macron espère créer un groupe centriste au Parlement.

"L’Alde na pas de 'Spitzenkandidat' et M. Barnier n’a pas dit qu’il était candidat donc il n’a pas à être ou ne pas être soutenu par Emmanuel Macron", dit Nathalie Loiseau. "Nous verrons qui se porte candidat après les élections, nous verrons les programmes. Nous soutiendrons un progressiste, un pro-Européen, un démocrate, un Européen convaincu."

(Edité par Simon Carraud)