Européennes 2024 : ce que disent les sondages en Italie, Allemagne, Hongrie et Pologne
EUROPE - Après les élections géantes qui viennent de voir le Premier ministre nationaliste Narendra Modi reconduit à la tête de l’Inde, c’est le deuxième plus grand scrutin au monde avec quelque 360 millions d’électrices et électeurs appelés aux urnes. Et il s’annonce plus incertain que jamais. Les élections européennes ont lieu du 6 au 9 juin 2024 dans les 27 pays membres de l’UE, les premières depuis l’entrée en vigueur du Brexit.
Européennes 2024 : on vous résume les enjeux de chaque candidat pour la dernière semaine
Si, en France, Jordan Bardella semble bien parti pour porter le Rassemblement national au-delà des 30 % des suffrages, le principal enjeu concerne la deuxième position, avec la liste de Raphaël Glucksmann, soutenue par le PS, qui talonne plus que jamais celle de la macroniste Valérie Hayer.
Qu’en est-il en dehors de nos frontières ? Alors que l’extrême droite semble bien partie pour faire une poussée dans plusieurs pays, Le HuffPost vous propose un tour des principaux points chauds dans l’Union européenne.
· Incontournable Meloni
Pour ce scrutin européen, la Première ministre italienne Giorgia Meloni est partout. Au niveau national avant tout, puisque la dirigeante d’extrême droite a choisi d’être elle-même tête de liste dans les cinq circonscriptions électorales de la péninsule. Mais c’est également le cas au niveau européen, où la dirigeante fait figure de faiseuse de reine.
Alors que la coalition de droite (Parti populaire européen), de centre (Renew) et de gauche (Socialistes et démocrates) qui a porté Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne en 2019 risque fort de ne pas parvenir à remporter la majorité des sièges au Parlement de Bruxelles à l’issue du nouveau scrutin, l’actuelle présidente pourrait être contrainte d’élargir sa majorité pour les cinq prochaines années pour pouvoir rempiler. Si les Verts européens se sont portés candidats, c’est surtout du côté de la droite conservatrice que les regards se portent.
Surtout depuis qu’Ursula von der Leyen a elle-même laissé entendre – à mots couverts – qu’elle n’excluait pas une alliance avec certaines formations du groupe nationaliste Conservateurs et Réformistes européens. Un groupe dont le coprésident est membre de Frères d’Italie, le parti de Giorgia Meloni. Largement en tête des intentions de vote en Italie avec plus de 25 % des intentions de vote, la cheffe de gouvernement aborde donc le scrutin en position de force. Une position qui n’a pas échappé au magazine britannique The Economist, qui l’a récemment placée au centre des « trois femmes qui vont façonner l’Europe », avec Ursula von der Leyen… et Marine Le Pen, comme vous pouvez le voir ci-dessous :
The need for strong, unified leadership in Europe has never been greater. Ursula von der Leyen, Giorgia Meloni and Marine Le Pen encapsulate the dilemma of how to handle populism https://t.co/IeMxOu6CWc pic.twitter.com/Jgp9Dttszf
— The Economist (@TheEconomist) May 30, 2024
· Scrutin sous tension en Allemagne
Dans une campagne sous tension marquée par la violente agression d’un eurodéputé en campagne, c’est l’ordre d’arrivée des différentes formations derrière les conservateurs qui sera scruté. Dans le pays qui envoie le plus gros contingent d’élus à Bruxelles (96 eurodéputés contre 81 pour la France), la CDU-CSU semble en mesure d’égaler son score de 2019 et d’approcher voire dépasser les 30 %.
Derrière, trois partis sont au coude-à-coude, autour de 15 % des intentions de vote : les sociodémocrates du SPD qui souffrent de l’impopularité du chancelier Olaf Scholz, leurs alliés écologistes au gouvernement en net recul par rapport à 2019, et l’extrême droite représentée par l’AfD (Alternative pour l’Allemagne).
Le score de cette formation au soir du 9 juin est un autre enjeu du vote en Allemagne : alors que le parti nationaliste espérait percer et s’affirmer comme deuxième force politique pour ces européennes, les frasques de sa tête de liste Maximilian Krah semblent, selon les sondages, avoir cassé sa dynamique. Il faut dire que sa récente déclaration sur le fait qu’un SS n’était « pas automatiquement un criminel » a valu à l’AfD de se faire exclure du groupe Identité et démocratie au Parlement européen, où elle siégeait avec le Rassemblement national.
· En Hongrie, Orban défié
Du côté de la Hongrie, Viktor Orban continue son offensive eurosceptique et le Premier ministre a donné de sa personne samedi dernier lors d’un rassemblement à Budapest. Mais le vent est-il en train de tourner pour celui dont les eurodéputés n’appartiennent plus à aucun groupe parlementaire depuis qu’ils ont été exclus du Parti populaire européen en 2021 ? Si le Fidesz est donné grand vainqueur dimanche avec 45 % des intentions de vote, il pourrait perdre des plumes par rapport à 2019 (52 %).
La faute (en partie) à un nouveau venu. Après avoir quitté le Fidesz en début d’année, Péter Magyar a créé sa propre formation et espère tailler des croupières au chef du gouvernement. « Nos représentants siégeront au sein du Parti populaire européen, dont Fidesz a été chassé. Nous recherchons une relation constructive mais critique avec Bruxelles », a déclaré le leader de Tisza à Euronews. Avec 25 % à 29 % des intentions de vote, le nouveau parti pourrait rafler une bonne partie des 21 sièges hongrois, une prouesse pour un parti qui n’existait pas en début d’année.
· Nouveau test pour Tusk en Pologne
Cinquième pays européen par sa population, la Pologne vivra, dimanche 9 juin, un nouveau match entre le PiS de l’ancien Premier ministre nationaliste Jarosław Kaczyński et la Coalition civique pro-européen de son successeur Donald Tusk. Après les législatives d’octobre, la coalition de Tusk avait remporté plusieurs grandes villes aux élections locales d’avril dernier mais le PiS avait pu revendiquer la victoire à l’échelle nationale.
Pour les européennes, les derniers sondages donnent les deux listes au coude-à-coude, avec 35 % des intentions de vote pour le PiS et 34 % pour la coalition hétéroclite au pouvoir à Varsovie. Le résultat donnera le ton pour la présidentielle de 2025 au cours de laquelle la Coalition civique espère éjecter le PiS de la plus haute fonction de l’État.
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