Eure : la machine n'est pas sécurisée, un technicien se coupe la main et attend justice depuis 9 ans

Le jugement sera rendu le 23 novembre. (Photo d'illustration : Getty Images/iStockphoto)

Un technicien d'une société de thermoformage a été amputé de la main suite à un accident de travail en 2012. Le procès s'est tenu ce mardi 2 novembre.

Il aura fallu attendre 9 ans. Ce jeudi 2 novembre, un gérant d'une société de thermoformage à Pont-Audemer, absent lors de l'audience, devait répondre devant le tribunal judiciaire d'Évreux (Eure) de l’accident qui a coûté une main à l’un de ses salariés en 2012, rapporte Paris-Normandie.

A l'époque, Olivier, un technicien de l'entreprise en charge de la maintenance est appelé pour débloquer une machine. Lors de son intervention, l'outil de découpe se déclenche et lui sectionne plusieurs doigts.

L'instruction et le procès ont alors mis en évidence que les sécurités des machines avaient été rendues inopérantes.

Une question de rendement

Le parquet a ainsi a pointé une multitude de manquements. Il n'y avait pas de protocole de sécurité, pas de certificats de conformité depuis l’achat du matériel, quatorze ans plus tôt et pas de formations adaptées pour les nouveaux salariés à l'instar d'Olivier, en CDD depuis 4 mois.

Des salariés de cette entreprise qui a fermé en 2018 ont été auditionnés. Selon eux, il s'agissait avant tout d'une question de rendement car pour assurer la maintenance des machines, il aurait fallu stopper la production.

Selon le procureur qui a requis deux ans ans de prison avec sursis, "la quête de productivité peut amener les chefs d’entreprise peut amener les salariés à des dangers", relate le quotidien régional.

"Il n’y a pas de liens entre des négligences éventuelles et la situation dramatique de la victime. Cet accident aurait eu lieu de toute façon", a déclaré pour sa part l’avocat de la défense.

Amputé de la main droite, Olivier est aujourd’hui handicapé à 70% et a mis sept ans à retrouver un emploi.

Le jugement a été mis en délibéré, et sera rendu le 23 novembre. L’affaire devrait ensuite être étudiée par le pôle social du tribunal d’Évreux pour définir d'éventuelles réparations financières.

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