Ethiopie: L'armée déployée dans la capitale après des manifestations sanglantes

ADDIS-ABEBA (Reuters) - L'armée éthiopienne a été déployée mercredi à Addis-Abeba où des groupes armés ont parcouru les rues au cours d'une deuxième journée consécutive de manifestations sanglantes, qui ont causé plus de 80 morts et accentué les divisions politiques dans le fief du président Abiy Ahmed.

Les manifestations, déclenchées par l'assassinat du populaire chanteur Haacaaluu Hundeessaa lundi soir, se sont étendues à l'ensemble de la province d'Oromia, qui entoure la capitale éthiopienne, et ont ravivé les griefs de l'ethnie Oromo qui dénonce depuis plusieurs décennies la répression gouvernementale et son exclusion traditionnelle du pouvoir.

Des coups de feu ont résonné dans de nombreux quartiers d'Addis-Abeba, tandis que des groupes d'individus munis de machettes et de bâtons ont assailli des rues.

Plusieurs témoins ont fait part d'affrontements entre des jeunes issus de l'ethnie Oromo, la plus importante du pays, et d'autres groupes ethniques. Des affrontements avec la police sont aussi survenus.

La musique de Haacaaluu a inspiré toute une génération de jeunes Oromos, nombreux à avoir pris part aux vastes manifestations sanglantes qui ont secoué le pays pendant trois ans et poussé le prédécesseur d'Abiy à la tête du gouvernement à démissionner début 2018.

Les heurts qui ont éclaté dans la province d'Oromia ont fait plus de 80 morts mardi, parmi lesquels de nombreux manifestants et des membres des forces de sécurité, a déclaré à la télévision publique le chef de la police régionale.

(Dawit Endeshaw, avec Tiksa Negeri et Kumerra Gemechu; version française Jean Terzian)