Impeachment, manifestations et menaces de violence : les prochains jours s'annoncent tendus aux États-Unis

Les forces de l'ordre redoutent que des manifestations violentes éclatent aux États-Unis dans les prochains jours, et notamment le 20 janvier, pour l'investiture de Joe Biden.
Les forces de l'ordre redoutent que des manifestations violentes éclatent aux États-Unis dans les prochains jours, et notamment le 20 janvier, pour l'investiture de Joe Biden.

Tentative de destitution, impeachment, manifestations et menaces de violence... les prochains jours s’annoncent très tendus aux États-Unis. Le pic devrait être atteint le 20 janvier, jour de l’investiture de Joe Biden.

Les États-Unis vivent actuellement des jours décisifs... et tendus. Depuis les violences qui ont fait cinq morts au Capitole, mercredi 6 janvier, le pays est dans l’attente de l’investiture de Joe Biden, qui tournera définitivement la page Trump.

Mais entre la volonté de faire partir en avance le président républicain et les menaces qui émanent de l’extrême-droite et des soutiens invétérés de Donald Trump, les prochains jours s’annoncent cruciaux pour le pays.

Mardi 12 janvier

Et tout commence dès ce mardi 12 janvier. Dans la soirée, un vote est prévu à la Chambre des représentants à l’initiative des démocrates, pour demander au vice-président, Mike Pence, d’utiliser le 25e Amendement et démettre Donald Trump de ses fonctions. Les démocrates souhaitent ainsi qu’il déclare le républicain “incapable de remplir le devoir lié à sa fonction” et qu’il prenne donc sa place et son rôle en attendant l’arrivée officielle de Joe Biden au pouvoir.

Une manoeuvre qui a peu de chance d’aboutir, Mike Pence ayant lui-même expliqué qu’il ne forcerait pas Donald Trump à quitter ses fonctions. Les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés lundi 12 janvier, pour la première fois depuis les violences qui ont eu lieu au Capitole.

VIDÉO - États-Unis : "Très peu de chances que Donald Trump soit destitué" avant l'investiture de Joe Biden

Mercredi 13 janvier

En cas de refus - très probable - de la part de Mike Pence d’utiliser le 25e Amendement, les débats devraient commencer très tôt à la Chambre de représentants, mardi 13 janvier, pour voter l’impeachment de Donald Trump.

Les démocrates ont déposé un acte d’accusation à l’encontre du président sortant, ce lundi 11 janvier, pour “incitation à la violence contre le gouvernement des États-Unis”, rapporte le New York Times. Ils reprochent au président sortant les propos tenus lors d’un rassemblement filmé devant la Maison Blanche, quelques heures avant l’attaque du Capitole. Le milliardaire avait alors incité ses partisans à “marcher sur” le bâtiment. “Vous ne reprendrez jamais votre pays avec de la faiblesse, vous devez montrer votre force”, avait-t-il intimé, répétant, une fois de plus, que cette élection lui avait été volée.

Les démocrates souhaitent donc s’appuyer sur le 14e amendement, qui interdit quiconque “s’engage dans une insurrection ou une rébellion” contre les États-Unis d’occuper un jour un mandat en politique. Si la Chambre des représentants vote en faveur de la procédure d’impeachment - ce qui est très probable, puisqu’il suffit d’une simple majorité - et que les sénateurs déclarent ensuite Donald Trump coupable, il ne pourra plus jamais se présenter à la présidence des États-Unis.

Pour l’heure, une douzaine de républicains sont d’accord avec les démocrates sur le sujet de l’impeachment. Les autres sont opposés à cette procédure, notamment parce qu’ils craignent qu’elle ne divise encore plus le pays, rapporte le New York Times.

Dimanche 17 janvier

Avant l’investiture du 46e président des États-Unis, les forces de l’ordre redoutent qu’“un nombre inconnu d’événements, dont certains seront terrifiants”, n’ait lieu dans le pays, a rapporté un membre du département de la Défense auprès du New York Times.

Et les inquiétudes se portent tout particulièrement sur le dimanche 17 janvier. Les autorités s’attendent, ce jour-là, à faire face à une vague de protestations armées à Washington, mais aussi dans les capitales de tous les États et, plus largement aux abords des bâtiments gouvernementaux à travers tout le pays.

Selon le New York Times, des messages cryptés, envoyés sur WhatsApp, Telegram et Signal appellent à “une marche armée sur le Capitole et sur tous les capitoles des États” à midi, le 17 janvier. Plusieurs milices locales - notamment en Pennsylvanie, en Floride et dans le Michigan - ont également appelé leurs membres à venir en nombre ce jour-là.

En parallèle, le groupe “Laissez l’Amérique nous entendre, rugissez pour Trump” a demandé l’autorisation de manifester dans le centre-ville de Washington, toujours à cette même date. Pour le moment, 300 personnes sont attendues.

Mercredi 20 janvier

Le jour de l’investiture de Joe Biden risque bien d’être le point culminant de ces deux semaines de tension. Cette situation est “inédite”, a même assuré un membre du Pentagone au New YorkTimes. Parmi les pires scénarios envisagés, les forces de l’ordre redoutent des tireurs visant les personnalités présentes à l’inauguration, une attaque suicide avec un avion détourné qui pénètrerait dans la zone aérienne de Washington ou encore une attaque au drone sur la population. Mais les responsables s’inquiètent surtout d’une attaque armée avec plusieurs tireurs.

Selon le New York Times, près de 400 personnes ont rejoint un groupe sur les réseaux sociaux pour participer, le 20 janvier, à la “Marche du million de milices”. Et 16 groupes - dont certains sont armés et qui rassemblent pour la plupart de fervents supporters de Donald Trump - se sont inscrits pour manifester à Washington, rapporte le quotidien américain. De quoi inquiéter les agents fédéraux, puisque l’investiture d’un nouveau président est un événement qui rassemble habituellement énormément de monde.

Alors la sécurité s’organise. Le 20 janvier, 15 000 membres de la garde nationale seront présents dans la capitale américaine. Il n’a pas encore été décidé s’ils seront armés, mais ils seront équipés, dans tous les cas, de leur matériel anti-émeute et seront relativement proches de leur armurerie. Des points de contrôle ainsi que des détecteurs de métaux seront installés à divers endroits autour du Capitole.

Si les dirigeants des districts de Columbia, du Maryland et de Virginie ont demandé aux Américains de célébrer ce jour virtuellement et de ne pas se rendre sur place, Joe Biden, lui, n’a pas l’intention de se laisser impressionner par ce contexte particulier. Il a confirmé vouloir prêter serment en extérieur et a même prévu de se rendre au cimetière national d’Arlington avec les anciens présidents Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.

Et, pendant neuf jours...

Et, jusqu’au départ officiel de Donald Trump, les États-Unis ne sont, évidemment, pas à l’abri d’un nouveau coup d’éclat du républicain. Outre les grâces présidentielles, qu’il pourrait continuer de distribuer - il l’a déjà fait pour une quinzaine de personnes -, le milliardaire peut encore profiter pleinement de ses fonctions.

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L’administration Trump vient, par exemple, de remettre Cuba sur la liste noire des pays “soutenant le terrorisme”, alors que Joe Biden avait justement fait part, durant sa campagne, de sa volonté de lever les restrictions imposées par son prédécesseur républicain à l’encontre du pays.

Par ailleurs, comme le rappelle dans Le Parisien le politologue et directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, Bruno Tertrais, Donald Trump dispose encore des pouvoirs nucléaires jusqu’au 20 janvier. La cheffe de fil des démocrates, Nancy Pelosi, s’est d’ailleurs inquiétée de cette prérogative auprès du chef d’État-Major des Armées. Mais les conclusions de cette discussion n’ont pas été dévoilées.

Une chose est sûre, cependant : Donald Trump ne devrait pas troubler, en personne, la cérémonie d’investiture de Joe Biden, puisqu’il a d’ores et déjà annoncé qu’il n’y assisterait pas.

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