«Aux Etats-Unis, même les opinions les plus répugnantes doivent pouvoir être exprimées»

Des suprémacistes blancs en tenue de combat, samedi à Charlottesville.

Pas question, outre-Atlantique, d'interdire une manifestation comme celle de la droite-extrême, à Charlottesville, rappelle le politologue Denis Lacorne. Dans ce pays, toute idée, quelle qu'elle soit, doit pouvoir être exprimée pour être débattue, et, qui sait, raisonnée.

Dans son dernier essai, Les Frontières de la tolérance, (Gallimard, 2016), le politologue, spécialiste des Etats-Unis, Denis Lacorne, souligne à quel point la tolérance à ce qui peut être dit et exprimé dans l’espace public varie d’un pays à l’autre. Capuches blanches du Ku Klux Klan, saluts nazis, croix gammées et drapeaux confédérés: la manifestation de l’extrême droite américaine à Charlottesville, en Virginie, le 12 août dernier, en est un nouvel exemple. Vue d’Europe, la manifestation de Charlottesville est choquante. Ces démonstrations de force extrémiste ne sont pourtant pas interdites aux Etats-Unis. Comment expliquer ce décalage de perception?

Nous avons des conceptions très différentes de la liberté d’expression des deux côtés de l’Atlantique. Les limites de la tolérance ne sont donc pas les mêmes. En Allemagne par exemple le port de symboles nazis est strictement interdit, ainsi que tous saluts nazis. Deux touristes chinois ont ainsi été condamnés la semaine dernière pour avoir fait un salut nazi devant le Reichstag. C’est un délit. Même s’ils avaient fait ce geste par dérision, sans être des nazis convaincus, ils ont dû payer 600 euros d’amende, et la loi prévoit même jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour ce délit. Dans ce pays, les manifestations du mouvement islamophobe Pegida sont régulièrement interdites. En France, même si le droit de manifester est fondamental, certaines manifestations peuvent être interdites en cas de menaces sur l’ordre public ainsi que des propos ou des écrits négationnistes.

Et de l’autre côté de l’Atlantique?

Aux Etats-Unis la situation est très différente. La jurisprudence de l’arrêt «Skokie» de 1977 règne: une Cour (...)

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