États-Unis : Proud Boys, QAnon, pro-armes, qui sont les personnes qui ont envahi le Capitole ?

QAnon, Proud Boys, pro-armes à feu... de nombreux militants refusant d'admettre la défaite de Donald Trump a la présidentielle américaine étaient réunis au Capitole, jeudi 6 janvier.
QAnon, Proud Boys, pro-armes à feu... de nombreux militants refusant d'admettre la défaite de Donald Trump a la présidentielle américaine étaient réunis au Capitole, jeudi 6 janvier.

Mercredi 6 janvier, alors que le Congrès était réuni pour certifier la victoire de Joe Biden, des militants pro-Trump ont envahi le Capitole. Qui sont ces personnes, persuadées que l’élection présidentielle leur a été volée ?

Les images ont fait le tour du monde. Des centaines de militants pro-Trump ont envahi, mercredi 6 janvier, le Capitole, où étaient réunis les membres du Congrès afin de certifier la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine.

Parmi cette foule de sympathisants républicains n’ayant pas digéré la défaite de leur champion dans la course à la Maison Blanche, “plusieurs groupes et individus radicalisés par la prose de Trump” ont été repérés, nous décrit la politologue Fiammetta Venner.

VIDÉO - Le Capitole envahi par des Pro-Trump : une tentative de coup d'Etat ?

Les QAnon

À commencer par les adeptes de QAnon. Ce mouvement complotiste, décrit comme étant proche de l’extrême droite, a pour leader un anonyme qui se fait appeler Q et qui distille ses théories sur les réseaux sociaux - et notamment le forum 4chan, précise RTL. D’après ses partisans, ce mystérieux personnage ferait partie de l’entourage de Donald Trump. Selon l’idéologie QAnon, les États-Unis seraient dirigés pas “l’État profond”, une sorte d’alliance satanique et pédophile dans laquelle sont impliqués les démocrates, mais aussi des célébrités. Pour les partisans de ce mouvement, Donald Trump est non seulement la cible d’un complot, mais c’est aussi le héros qui peut sauver le pays de ce dangereux “deep state”.

Outre les différents panneaux arborant le Q significatif du mouvement, plusieurs comptes de sympathisants QAnon prônaient la violence sur les réseaux sociaux depuis le 1er janvier, rapporte CNN. L’un d’eux a même retweeté une théorie du complot selon laquelle les démocrates, les membres du mouvement Black Lives Matter et les antifascistes prévoyaient de tuer les militants pro-Trump et qu’il fallait donc “se débarrasser d’eux”.

À LIRE AUSSI >>> Attaque au Capitole : peut-on comparer les militants pro-Trump et les Gilets Jaunes ?

Parmi les images marquantes de cette journée du 6 janvier, celle de Jake Angeli, un homme de 32 ans, torse-nu, arborant une coiffe à cornes à l’intérieur du Capitole, a fait sensation. Il est une figure bien connue du mouvement QAnon et se fait même appeler Q Shaman, selon Paris Match. Cet habitué des théories du complot - dans le quotidien américain AZ Central, il cite, pêle-mêle, les Illuminati, le Nouvel Ordre Mondial et les machinations scientifiques - a déjà manifesté à plusieurs reprises devant le siège de la législature de l’Arizona.

Outre sa sympathie pour l’idéologie QAnon, Jake Angeli semble également être un adepte du wotanisme, selon l’un de ses tatouages. Ce mouvement identitaire et religieux regroupe des sympathisants d’extrême droite, des néonazis ou encore des suprémacistes blancs, précise Paris Match.

Les Proud Boys et Blue Lives Matter

Un autre groupe bien connu était également présent, selon la politologue Fiammetta Venner : les Proud Boys. Arborant habituellement une tenue noire et jaune, ils ont cette fois souhaité se faire plus discrets, comme ils l’ont expliqué au site Politico. À peine quelques autocollants à leur effigie ont-ils été collés aux alentours du Capitole. Mais des membres de cette organisation décrite par le FBI comme étant “un groupe extrémiste lié au nationalisme blanc”, étaient bel et bien présents. Si ce groupe, raciste et misogyne, a, à plusieurs reprises, été qualifié de milice, c’est qu’il revendique l’usage de la violence. Lors d’un débat face à Joe Biden, Donald Trump avait même demandé à ses membres de se “tenir prêt”, rappelle Le Figaro.

Selon le site Politico, des sympathisants du mouvement Blue Lives Matter étaient également présents. Ce mouvement a été créé en 2015, par opposition au mouvement Black Lives Matter, afin de défendre l’action de la police. Comme le rapportait le Nouvel Obs en 2016, les partisans de Blue Lives Matter semblaient surtout partager des idéaux racistes et une haine contre le groupe dont ils tirent - presque - le nom. Selon Le Monde, ils partagent, plus généralement, l’idée “que l’Amérique est menacée par une extrême gauche qui hait la police”.

Élu républicain et militants néo-nazis

Quelques noms de manifestants ont même été dévoilés sur les réseaux sociaux, grâce aux images et vidéos qui ont circulé sur internet et dans les médias. Parmi eux, Derrick Evans, un élu républicain de Virginie occidentale, membre de la Chambre des Délégués et connu dans son État pour son opposition farouche à l’avortement. Il ne s’en est d’ailleurs pas caché, puisqu’il a posté lui-même, sur son compte Facebook, une vidéo le montrant à l’intérieur du Capitole, rapporte le New York Times.

Nick Fuentes a également été repéré. Ce podcasteur d’extrême-droite, suprémaciste blanc et qui ne cache pas ses idées négationnistes, dirige un groupe de jeunes militants nationalistes, selon The Time of Israel. Le militant néo-nazi et nationaliste “Baked Alaska” - Anthime Gionet de son vrai nom - a également été vu parmi les manifestants.

Par ailleurs, toujours selon les images disponibles, des membres de deux groupes néonazis américains - le Keystone State (anciennement Keystone State Skinhead) et le National Socialist Movement - étaient présents devant ou dans le Capitole le 6 janvier.

Libertariens, pro-armes à feu, nostalgiques de l’esclavage...

Les drapeaux et les panneaux exhibés par les manifestants permettent de connaître leurs sympathies. Outre les très nombreux “Make America Great Again” (le slogan de Donald Trump en 2016), “respectez nos votes”, “envoyer Joe en prison” ou encore “Trump est mon président”, quelques étendard portant l’inscription “Liberty or Death - 2nd Amendment” (soit, en Français, la Liberté ou la Mort - 2e Amendement), chers aux activistes pro-armes, étaient visibles.

Des drapeaux confédérés ont également été repérés, parmi les militants qui ont réussi à rentrer dans le Capitole. Pour rappel, les États confédérés, pendant la Guerre de Sécessions, étaient les États du Sud des États-Unis qui ont choisi de s’éloigner du pouvoir central et de son président Abraham Lincoln, qui voulait abolir l’esclavage. Même si l’opposition entre États confédérés et États de l’Union allaient bien au-delà de la question des esclaves, le symbole raciste de cet étendard ne peut pas être ignoré.

Des Gadsden Flag ont également été observés parmi la foule. Comme l’explique La Voix du Nord, son origine remonte à Benjamin Franklin, mais son nom lui vient du colonel Christopher Gadsden. Il est l’un des emblèmes des libertariens, pour qui la liberté individuelle et la propriété l’emportent sur toutes autres valeurs.

Selon le site Politico, ce large éventail de sympathisants pro-Trump venait des quatre coins des États-Unis. Certains avaient même fait la route depuis la Californie, à l’exact opposé de Washington, pour exprimer leur refus de voir le démocrate Joe Biden devenir le nouveau président des États-Unis.

Ce contenu peut également vous intéresser :