Publicité

Essai Rolls-Royce Dawn : un compromis dans l'héritage

La Dawn reprend le flambeau de la Phantom Drophead chez Rolls-Royce, dans le rôle de l'unique cabriolet de la marque. Elle y perd en raffinement ostentatoire ce qu'elle gagne en efficacité dynamique. Suffisant pour continuer à dominer le monde de l'ultra-luxe automobile ?

Essai Rolls-Royce Dawn

La Dawn reprend le flambeau de la Phantom Drophead chez Rolls-Royce, dans le rôle de l'unique cabriolet de la marque. Elle y perd en raffinement ostentatoire ce qu'elle gagne en efficacité dynamique. Suffisant pour continuer à dominer le monde de l'ultra-luxe automobile ?

La Rolls-Royce Phantom Drophead se positionnait tout en haut de la planète automobile, en décalage total avec les autres cabriolets quatre places de luxe. Deux fois plus chère qu'une Bentley Continental GTC, longue comme une limousine XXL et haute comme un SUV, la grande Rolls s'interdisait toute forme de dynamisme, préférant noyer ses passagers dans un océan de luxe pur. Ce paquebot routier d'un demi-million d'euros vous coupait toute envie de hausser le rythme avec une efficacité singulière. Jamais de ma vie je n'avais pris autant de plaisir à rouler doucement dans une automobile qu'au volant de cette Phantom Drophead, essayée entre les routes de Marseille et de Cannes. Jamais, ô grand jamais, j'avais-je ressenti cette impression de naviguer dans une machine m'isolant totalement du stress et des nuisances de la circulation routière, même en roulant sans la capote à épaisseurs multiples. Machine pour milliardaires détendus, la Phantom Drophead disparaîtra malheureusement du catalogue Rolls-Royce cette année, tout comme la variante Phantom limousine et le Coupé. Mais la marque de Goodwood n'abandonne pas pour autant le créneau des cabriolets d'exception en lançant la Dawn, dont la plateforme technique reprend nombre d'éléments de la "petite" limousine Ghost et du coupé Wraith essayé l'année dernière sur Yahoo Auto.

Essai Rolls-Royce Dawn
Essai Rolls-Royce Dawn


Un style (un peu) moins théâtral

La Dawn s'inscrit donc dans la lignée lancée par la limousine Ghost à la vocation (un peu) moins élitiste que la Phantom. Elle arrive après le dérivé coupé Wraith, qui nous avait surpris par son efficacité dynamique peu commune pour une machine arborant la célèbre statuette Rolls-Royce. Son style ne comporte aucune surprise. Elle se borne à remplacer le toit de la Wraith par un vaste habitacle ouvert, équipé d'une capote souple commandée électriquement. Pourtant avec la collection de couleurs affichée sur notre modèle d'essai, la Dawn conserve clairement ce précieux décalage faisant partie de l'ADN Rolls-Royce. En l'observant, vous rêvez immédiatement d'en prendre le volant pour partir en balade au bord de mer, avec vos proches les plus chers et votre musique préférée dans le système hi-fi. L'habitacle présente la dose habituelle de matériaux nobles et les places arrière offrent deux fois plus d'espace que la plupart des grands cabriolets du marché. Mais comme nous avions pu le constater dans le coupé Wraith et dans la limousine Ghost, cet habitacle fait tout de même quelques concessions à l'élitisme : vous arriverez à trouver certaines pièces en plastique entre les cuirs et les éléments métalliques. Un genre de détail inimaginable dans une Phantom.

Essai Rolls-Royce Dawn
Essai Rolls-Royce Dawn


Moins agile que la Wraith

Le confort de roulage déployé par la Dawn se montre tout à fait conforme à ce que vous espérez d'une Rolls, avec une qualité de filtrage incroyable et une insonorisation remarquable même sur autoroute avec la capote repliée. Rolls-Royce annonce d'ailleurs une maîtrise des bruits encore meilleure que sur la Wraith lorsque la capote est déployée. Le V12 biturbo de 570 chevaux ne laisse échapper qu'un léger vrombissement lorsque vous accélérez, et la boîte de vitesses ZF 8 rapport exploite son couple camionesque (780 Nm) avec une douceur exceptionnelle. Cependant l'univers de conduite fascine un peu moins que dans la Phantom Drophead, toutes proportions gardées. Et la Dawn n'atteint pas non plus l'efficacité dynamique du coupé Wraith, capable elle d'en remontrer à une Continental GT sur une route d'arrière-pays. Extrêmement légère dans sa direction à la démultiplication gigantesque, la Dawn reste neutre et sous-vire généreusement lorsque vous la malmenez. Vous pouvez rouler vite et accélérer très fort comme avec une Ghost, mais vous n'y prendrez aucun plaisir. Les réglages sont clairement différents par rapport à ceux du coupé Wraith, et le surpoids induit par l’ablation du toit (2560 kg à vide) n'aide sans doute pas non plus.

La belle marginale

La Dawn réalise un compromis savamment dosé entre l'élitisme absolu de la Phantom Drophead et la technologie plus actuelle de la famille Ghost. Les puristes richissimes regretteront peut-être l'authenticité absolue de la plus grosse des Rolls-Royce, les autres accueilleront sans doute avec enthousiasme son surplus d'efficacité et sa meilleure polyvalence. Mais en fin de compte, la Dawn reste bien le cabriolet le plus haut de gamme du marché. Et le plus cher aussi, avec un prix de base à 332 400 euros.

Rolls-Royce Dawn
Moteur : V12 biturbo 6,6 litres
Puissance : 570 ch
Couple : 780 Nm
Poids à vide : 2560 kg
0 à 100 km/h : 4,9 secondes
Vitesse max : 250 km/h (limitée)
Consommation annoncée : 14,2 l/100km
CO2 : 330 g/km

Photos : Arnaud Taquet