Essai nouveau Toyota Hilux : le roi des déserts s'urbanise encore

En passant à sa huitième génération de modèle, Toyota veut garder le leadership dans cette catégorie autrefois strictement utilitaire des pick-up. Exemptés de malus écologique, ces gros 4x4 à benne tendent de plus en plus vers le SUV en matière de confort.

Essai nouveau Toyota Hilux

En passant à sa huitième génération de modèle, Toyota veut garder le leadership dans cette catégorie autrefois strictement utilitaire des pick-up. Exemptés de malus écologique, ces gros 4x4 à benne tendent de plus en plus vers le SUV en matière de confort.

Vous n'avez peut-être jamais entendu le nom "Hilux" dans votre vie. Il s'agit pourtant de l'une des voitures les plus répandues au monde, avec plus de 18 millions d'exemplaires écoulés sur la planète depuis son introduction en 1968. Ce n'est certes pas le pick-up le plus vendu au monde car les "trucks" américains comme le Ford F-150 s'arrachent à des centaines de milliers d'exemplaires par an dans leur pays depuis des décennies, trustant systématiquement les meilleures ventes de ce gigantesques marché. Mais c'est bien le pick-up le plus répandu dans le reste du monde, que l'on rencontre sur tous les continents et jusqu'aux pays les plus reculés du globe. grâce à sa réputation de fiabilité, sa charge utile et ses capacités en tout terrain, le Hilux représente une bête de somme absolument incontournable pour ceux qui nécessitent le véhicule le plus polyvalent possible en dehors des sentiers battus. Tellement incontournable qu'il se retrouve même chez les forces armées. Le conflit entre le Tchad et la Lybie en 1987 portait d'ailleurs le surnom de "Guerre des Toyota", et même les terroristes de l'état islamique font appel à ses qualités pour mener leurs opérations. Au point d'avoir poussé les hauts responsables du contre-terrorisme américain à questionner Toyota, à propos du nombre impressionnant de ses pick-up au sein des organisations terroristes. Et d'arriver à un simple constat : tout le monde utilise ces pick-up increvables, même les méchants.

En Europe, d'autres atouts

Mais comment expliquer le nombre élevé de ces pick-up en Europe et sur notre marché Français, sachant qu'une bonne partie de ces engins termine presque aussi souvent chez les particuliers que chez les professionnels ? Notre vieux pays serait-il lui aussi bourré de savanes infranchissables et de conflits militaires ? Non, mais l'évolution technologique de ces modèles et leur exonération totale du malus écologique suffit à expliquer le maintient de leurs ventes chez nous. Comme le dernier Nissan Navara que nous essayions il y a quelques mois (et tous les autres modèles de la catégorie), le nouveau Toyota Hilux échappe totalement au malus écologique malgré ses émissions de 185 g/km qui imposeraient une taxe de 3600 euros s'il s'agissait d'un simple SUV. Et comme le Mitsubishi L200, son concurrent de chez Nissan, le Ford Ranger ou le Volkswagen Amarok, le Toyota affiche un niveau de raffinement désormais loin du strict utilitaire.


A ce sujet, le nouveau Hilux se replace comme l'un des engins les plus agréables à vivre de sa catégorie. Sa planche de bord nous paraît plus réussie que celle du Navara ou du Volkswagen Amarok, même si la finition générale (plastiques durs et solides, pas de surfaces douces mais du cuir en option pour la sellerie) ne détonne pas face à ses concurrents. A condition de passer par le carnet d'option, il s'équipe d'un écran tactile généreux et de nombreux équipements hi-tech, sans aller aussi loin qu'un vrai SUV de luxe. Mieux, l'amortissement -traditionnellement moins confortable sur un pick-up en raison des ressorts à lame à l'arrière et de sa charge utile- surprend par sa douceur. On reste loin du raffinement développé par un Qashqai, un Kadjar ou un Tiguan dans les liaisons au sol mais les habituelles trépidations de la suspension arrière ne dérangent plus vraiment. De mon souvenir de l'essai Nissan Navara, pourtant équipé d'un train arrière sans ressorts à lames sur sa version double cabine, le Hilux m'a paru plus confortable sur les mauvaises routes en bitume de notre essai et les chemins de terre.

En version double-cabine, le nouveau Hilux surprend aussi à l'arrière avec une assise toujours verticale mais très supportable sur un long trajet. L'espace aux jambes ne manque pas trop non plus. La boîte de vitesses manuelle offre cependant un maniement plus rugueux que sur un SUV, mais Toyota propose une transmission automatique (que nous n'avons pas pu tester) moyennant une rallonge de 1700 euros. Du peu que nous avons pu conduire l'engin sur une route sinueuse en bitume, le comportement dynamique nous semble d'une efficacité suffisante. Le Hilux peut même déconnecter toutes ses aides à la conduite, pour ceux qui voudraient jouer les pilotes de rallye sur des routes en terre. Mais pour l'instant Toyota ne propose qu'un seul moteur, le nouveau D4-D 2,4 litres de 150 chevaux. Suffisant dans l'absolu, il ne marche évidemment pas aussi fort que d'autres moteurs de la concurrence, plus puissants et plus chers.


Incassable ?

Notre parcours d'essai en Namibie présentait de nombreuses difficultés pour le Hilux, avec notamment les grandes dunes du désert qui pouvaient parfois mesurer plus de dix mètres de haut. Malgré notre inexpérience sur ce terrain et quelques ensablements, le pick-up japonais s'est révélé d'une efficacité impressionnante avec des pressions de pneus adaptées. Il passe à peu près partout lorsque vous adoptez la bonne conduite, lancé à fond vers des dunes haute comme des immeubles. Nous avons bien réussi à frotter son bouclier avant sur une fin de pente mal négociée, et à arracher un morceau chromé de son bouclier arrière en le tirant du sommet d'une dune alors qu'il était tanké, très probablement à cause d'une mauvaise manœuvre de ma part. Mais après 500 kilomètres parcourus dans le sable, la poussière et malgré plusieurs passages de franchissement assez exigeants entre les rochers, notre Hilux n'a connu aucun problème. Notez cependant que comme le Navara, le Hilux reste un 4x4 enclenchable fonctionnant en 4x2 sur la route. Les quatre roues motrices ne peuvent s'activer qu'en dehors des routes de bitume sèches, et un mode "4x4 Lo" permet de passer en boîte courte en tout-terrain. Le Hilux possède aussi un blocage de différentiel très utile lors d'une grosse montée sur la terre, et une assistance à la descente. Avec la boîte manuelle, le mode crawling simplifie beaucoup les passages en franchissement. Côté charge utile enfin, le Hilux peut transporter jusqu'à 1055 kilos et tracter jusqu'à 3200 kilos.

Comptez 35 000 euros pour notre Hilux double cabine, sans les options comme le grand écran de navigation (840 euros), ou le radar de stationnement arrière (325 euros). Sensiblement le même prix qu'un Navara Double-Cabine 160 chevaux légèrement mieux équipé. Le look sera une affaire de goûts dans cette catégorie où certains modèles misent en partie sur leur physique, mais les qualités ayant bâti la légende du Hilux demeurent sur cette nouvelle mouture, plus confortable et luxueuse que jamais.