Essai McLaren 570GT : tromper la routine en supercar

Sous ses airs de supercar au tempérament à peine adouci, la McLaren 570GT se positionne comme une concurrente de la Porsche 911 Turbo S. Entendez par là qu'elle se veut utilisable au quotidien, malgré ses performances avionesques. Vraiment ?

Sous ses airs de supercar au tempérament à peine adouci, la McLaren 570GT se positionne comme une concurrente de la Porsche 911 Turbo S. Entendez par là qu'elle se veut utilisable au quotidien, malgré ses performances avionesques. Vraiment ?

Chez McLaren, la 570S (comme son dérivé 540C encore inconnu chez nous) représente l'entrée de gamme. Une sportive reprenant l'architecture de base, industriellement très audacieuse, commune à tous les modèles de la marque (monocoque carbone, V8 biturbo 3,8 litres et boîte à double embrayage) dans une version moins puissante et plus abordable. Mais quand on parle d'une sportive de la marque de Woking, mieux vaut rester relatif : avec ses 570 chevaux et son poids de gazelle, la 570S peut déjà éteindre une Audi R8 V10 Plus ou une Porsche 911 Turbo S sur circuit. Et ces deux dernières références intéressent tout particulièrement le constructeur anglais. Pour une clientèle amatrice de sensations fortes mais désireuse de pouvoir utiliser son auto tous les jours, les deux Allemandes s'imposent comme des GT particulièrement polyvalentes. Mention spéciale pour la Porsche : avec ses quatre roues motrices et directrices, son coffre avant, ses deux petites places arrière pouvant servir de coffre supplémentaire et son haut niveau de confort, cette 911 de 580 chevaux peut se conduire comme un banal coupé familial en exagérant à peine.

Pour séduire ces clients plus adeptes de road-trips de luxe que de grosses virées sur circuit, McLaren présente donc la 570GT. Comme son nom l'indique, l'auto reprend la base technique de la 570S avec une mise au point différente, histoire de revendiquer un positionnement "GT" qui ne saute pas vraiment aux yeux lorsque vous contemplez cette Anglaise au style très légèrement adouci. Observez-la dans le détail, et vous remarquerez un capot arrière plus haut, devenu lisse et recouvert d'une grande vitre se prolongeant jusqu'au pare-brise avant. La silhouette reste pourtant celle d'une vraie supercar, d'autant plus que les portières s'ouvrent toujours en élytre comme sur une grosse Lamborghini ou une hypercar Ferrari. Mais installez-vous à bord et vous découvrirez un univers plus proche du raffinement Aston Martin que des sportives extrêmes pondues par McLaren depuis 2011. La planche de bord reprend certes l'ergonomie de la 570S, mais les sièges diffèrent et l'habitacle paraît nettement moins confiné. Baigné dans la lumière diffusée par le grand toit vitré, cet habitacle offre une finition tout simplement superbe dans la configuration de notre modèle d'essai à la sellerie beige. La qualité du cuir n'a rien à envier à celui d'une Bentley et derrière les deux sièges, un coffre additionnel de 220 litres permet de stocker deux bagages de taille raisonnable, qu'il conviendra d'harnacher solidement avec les jolies lanières de cuir sous peine de les retrouver sur le tableau de bord au premier freinage.

Essai McLaren 570GT
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GT, mais pas trop

Car la 570GT ne concède qu'une part très marginale des performances de la 570S malgré sa vocation "touristique". Son V8 biturbo de 3,8 litres développe la même puissance (570 chevaux) et l'auto n'accuse que 37 kilos de plus sur la balance (1350 kg). Malgré ce très léger embonpoint et la présence de pneumatiques au profil plus tourné vers le confort de roulage, elle se contente de 3,4 secondes pour bondir de 0 à 100 km/h et peut filer jusqu'à 328 km/h en pointe. Certes, sa conduite surprend par ses faibles bruits de roulement, un appréciable silence mécanique et un amortissement clairement adouci lorsque vous circulez à allure légale sur autoroute. Mais dès la première accélération franche, vous retrouvez des sensations sans rapport avec de vraies GT comme la Porsche 911, même dans sa variante Turbo S pourtant si performante. Poussé vers la zone rouge, le V8 libère sa sonorité intense typiquement McLaren. Sifflant à chaque lever de pied, le bloc développe une poussée et une allonge digne des machines de la marque de Woking, jusqu'à plus de 8000 tours/minute. La boîte à double embrayage ne souffre d'aucun reproche en mode manuel et lorsque vous placez la molette du groupe motopropulseur en mode Track, la 570GT ne s'applique plus qu'à délivrer les meilleures performances possibles. Au diable le confort : le temps d'une petite montée de col, la McLaren tombe le costume pour vous faire transpirer avec sa direction chirurgicale (2% moins directe que celle de la 570S !), son freinage presque invincible (avec les disques carbone-céramique optionnels), son agilité et sa belle stabilité dynamique poussée jusqu'à 80% de ses possibilités. Cravachez-la encore plus fort en désactivant totalement les aides à la conduite, et vous découvrirez une poupe étonnamment vivante sur de gros freinages et au lever de pied en courbe. De quoi permettre à mon compagnon d'essai, très doué, de réaliser une parfaite virgule le long d'une grande courbe, comme une vraie machine de drift. Ou même de s'aventurer sur circuit sans crainte.

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Bref, la 570GT réalise effectivement de vrais progrès en matière de confort et de polyvalence. Sa direction vibre encore beaucoup sur une mauvaise chaussée, et il lui manque deux petites places arrière d'appoint pour respecter à 100% l'étiquette "GT" qu'elle revendique. Mais disposer d'une telle réserve de performances et de sensations, malgré sa douceur de fonctionnement en conditions paisibles, justifie pleinement son prix d'entrée à 196 950€ (soit 10 000€ de moins qu'une Porsche 911 Turbo S). Son habitacle sous verre à la finition luxueuse, son pilotage frissonnant à la limite et son physique de supercar feront probablement rêver plus de gens que les qualités de l'Allemande.

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