Essai BMW M2 : la plus chaude des compactes

La nouvelle BMW M2 développe 11 chevaux de moins que la Mercedes-AMG 45. Mais sur le plan des sensations de conduite, elle domine très largement ses concurrentes de chez Audi et Mercedes grâce à une recette on ne peut plus simple.

Essai BMW M2

La nouvelle BMW M2 développe 11 chevaux de moins que la Mercedes-AMG 45. Mais sur le plan des sensations de conduite, elle domine très largement ses concurrentes de chez Audi et Mercedes grâce à une recette on ne peut plus simple.

La guerre entre BMW, Mercedes et Audi se retrouve bien évidemment dans la catégorie des sportives compactes. Du côté de la marque aux anneaux, la RS3 Sportback sonnait la charge l'année dernière avec son superbe 5 cylindres en ligne porté à 367 chevaux et sa transmission intégrale. Mercedes répliquait quelques mois plus tard en dévoilant la version restylée de son A45 AMG, dont le 4 cylindres turbo développe désormais 381 chevaux soit un record absolu chez les autos de cette taille. Et revoilà donc BMW qui nous présente la M2, descendante spirituelle de la Serie 1 M sur la précédente génération.

Coupé pour puristes ?

Techniquement, cette M2 ne se place pas exactement en face de l'A45 et de la RS3 puisqu'elle reprend une architecture de coupé contrairement à ses rivales cinq portes. Et contrairement à la Mercedes et à l'Audi qui préfèrent lorgner du côté de l'efficacité rassurante, grâce à leurs transmissions intégrales et leur moteur capable de bombarder en ligne droite, la compacte de la marque à l'hélice tient à respecter la tradition sportive du département Motorsport : transmission aux seules roues arrière, six cylindres en ligne à l'avant et boîte manuelle de série, voilà un cocktail à la fois conservateur et savoureux pour ceux qui connaissent le tempérament des BMW M. Avec ses ailes élargies, ses boucliers saillants ou ses quatre grosses sorties d'échappement arrière, la M2 se pose d'ailleurs comme un coupé à peine moins agressif que l'ancienne Serie 1 M. De quoi augurer d'un sacré morceau de pilotage à première vue, lorsqu'on se souvient du caractère plus qu'enjoué de cette dernière.


Mais vous auriez tort de vous arrêter à la sulfureuse réputation de sa devancière. Passé le moment du démarrage où la M2 s'anime dans un brouhaha mécanique intimidant (surtout avec l'échappement Sport de notre modèle d'essai), la nouvelle venue affiche en effet un confort surprenant lorsque nous quittons l'aéroport de Pau pour rejoindre l'autoroute. L'amortissement n'a rien à envier à la douceur d'une RS3 Sportback en mode Confort, et le mode automatique de la boîte DKG à double embrayage transforme le gros 6 cylindres en ligne biturbo de 370 chevaux et 500 Nm de couple (Via overboost) en une paisible mécanique apte aux longs voyages. A condition évidemment de ne jamais écraser la pédale de droite en grand -ce qui réveillerait immédiatement ce moteur aux relances explosives- la M2 peut sans souci jouer le rôle de voiture de tous les jours. En cela, elle se montre beaucoup plus polyvalente que la Serie 1 M dont l'amortissement très dur et l'absence de boîte automatique la réservait aux puristes les plus affamés.

BMW M2
BMW M2


Que ces derniers se rassurent : la M2 ne perd rien de ce tempérament entier et résolument extrême. Pour cela, il faut passer l'auto en mode Sport ou Sport + qui modifient assez profondément la gestion électronique du moteur, de la direction, de l'échappement, de la boîte de vitesses et de l'amortissement. Le 6 cylindres hurle alors avec un timbre bien plus raffiné que le 4 cylindres de la Mercedes-AMG A45, et même sans doute plus réussi que celui de sa grande soeur la M4 (dont elle récupère d'ailleurs les trains avant et arrière). Dans son mode manuel, la boîte DKG devient plus brutale tout en offrant une bonne réactivité. La suspension encaisse aussi plus fermement les irrégularités routières, mais c'est surtout le ressenti de la direction qui parvient à vous donner des frissons lorsque vous commencez à hausser le rythme sur un joli tracé de campagne. Une direction à la fois plus précise et plus informative que chez la concurrence, vous mettant vraiment en conditions pour pousser l'auto et jouer avec sa mécanique puriste. Les pluies quasiment ininterrompues pendant notre essai nous ont certes empêché de nous rapprocher vraiment des limites de la bête, même si le mode Sport permet d'attaquer sans arrière-pensées grâce à une fine gestion des aides à la conduite. Dès que vous désactivez ces aides à la conduite en revanche, gare à ne jamais oublier que cette propulsion très puissante impose un haut niveau de maîtrise pour être poussée sous la pluie. Les meilleurs pilotes s'en donneront à coeur joie et les plus démonstratifs pourront même la jeter dans de superbes dérives. On ne parle pas ici d'un mode Drift artificiel comme sur la récente Ford Focus RS, mais bien d'un train arrière typiquement BMW M pouvant faire fumer ses pneus sur simple demande en courbe. Notez par ailleurs que les plaquettes "Racing" optionnelles permettent d'obtenir une superbe endurance au freinage, en plus de grincer généreusement dans les manoeuvres en ville. Les obsédés de la finition pointeront eux du doigt certains assemblages imparfaits dans l'habitacle (par exemple au niveau des poignées de portes), les autres loueront plutôt le maintien excellent des grands sièges baquets en conduite sportive.

Question de philosophie

A 61 750€ en prix de base, la BMW M2 coûte encore plus cher que l'Audi RS3 Sportback (56 900€) et la Mercedes-AMG A45 (55 150€). Mais si vous recherchez principalement du plaisir de conduire sur une sportive de cette catégorie, la M2 mérite bien cette petite rallonge malgré un malus plus pénalisant que sur ses concurrentes (3600€ en boîte DKG, 6500€ en boîte manuelle). Aucune auto de ce segment n'offre un comportement dynamique aussi raffiné. Avec les plaquettes Racing, la M2 pourra sans doute aussi s'aventurer sur circuit, le genre de terrain où l'A45 et la RS3 perdent beaucoup de leur superbe. Reste un dernier problème : une Porsche 718 Cayman S coûte moins cher (53 960€) et le 718 Cayman S, à peine plus. En matière de plaisir de pilotage cette dernière pourra forcément faire de l'ombre à la BMW tout en la dépassant sur le plan des performances grâce à sa masse inférieure. Mais la M2 possède l'avantage sur le raffinement de sa mécanique et contrairement à la Porsche, elle peut embarquer 4 passagers et de vraies bagages.

Essai BMW M2
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