Essai Alfa Romeo Giulia : braquage à l'Italienne

Les Mercedes Classe C, BMW Serie 3 et autres Audi A4 doivent-elles trembler avec l'arrivée de l'Alfa Romeo Giulia ? Cette nouvelle concurrente italienne nous a fait forte impression lors de notre premier essai.

Essai Alfa Romeo Giulia

Les Mercedes Classe C, BMW Serie 3 et autres Audi A4 doivent-elles trembler avec l'arrivée de l'Alfa Romeo Giulia ? Cette nouvelle concurrente italienne nous a fait forte impression lors de notre premier essai.

Certains redoutaient une extinction totale d'Alfa Romeo il y a quelques années, comme la marque cousine Lancia condamnée à une mort certaine par le groupe Fiat FCA. Mais le grand patron Sergio Marchionne avait heureusement d'autres plans pour Alfa, qu'il souhaite carrément replacer au sommet de l'échiquier du groupe avec une stratégie pour le moins agressive. Après le développement de Maserati pour viser Porsche, Marchionne veut en effet concurrencer les meilleures références premium dans le monde avec son autre marque italienne. Autrefois rivale de Peugeot, Renault ou Volkswagen, Alfa Romeo devra désormais s'attaquer à BMW, Audi, BMW ou Jaguar. Pour cela, la marque de Turin pourra compter sur une toute nouvelle plateforme technologique qui rompt radicalement avec ses précédents développements. Baptisée amoureusement "Giorgio", cette nouvelle plateforme servira de base à des modèles allant de la taille "Audi A3" jusqu'à celle des gros SUV. Chose inédite dans l'histoire contemporaine d'Alfa Romeo, elle repose désormais sur une architecture "propulsion" et non plus traction. Bref, après de longues années en quasi-coma avec une gamme de véhicules compacts plus ou moins dépassés (MiTo et Giulietta), Alfa Romeo met les petits plats dans les grands pour se métamorphoser.

Giulia, la première pierre

La première étape de cette métamorphose, c'est donc l'arrivée de la berline Giulia. Conçue pour piquer des clients aux BMW Serie 3, Mercedes Classe C et autres Audi A4, l'Italienne se dévoilait l'été dernier en image. Mais à l'époque, difficile de se montrer complètement charmé par l'auto. Après des berlines Alfa Romeo magnifiques comme la 156 puis la 159 au début du siècle, la Giulia ne fait pas le même effet avec ses lignes pataudes à l'arrière et son dessin déroutant. Surtout dans sa version ultra-sportives Quadrifoglio rajoutant de larges boucliers et un capot percé d'ouïes. On ne pourra en tout cas pas lui reprocher de ressembler à d'autres autos, dans une catégorie encore dominée par le conservatisme. Et après une première inspection inquiétante lors des salons de Francfort et de Genève, nous voilà rassurés en pénétrant à bord de la Giulia lors de ces premiers essais en Italie à Balocco. Certes, la qualité de finition n'atteint pas l'excellence de chez Audi ou BMW, mais la Giulia fait finalement mieux qu'une Jaguar XE à l'intérieur. Mieux, l'ergonomie nous a séduit et l'auto présente une habitabilité raisonnable par rapport à ses concurrentes, y compris aux places arrière (et en coffre). Seuls les geeks seront déçus avec une liste de gadgets et d'aides à la conduite moins étoffée que sur ses concurrentes allemandes. Ici pas de conduite semi-autonome ou de pilote automatique dans les bouchon, la Giulia se contente du régulateur adaptatif. Elle se met en revanche à la page côté info-divertissement.

Essai Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio
Essai Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio


Un dynamisme surprenant en version sage...

Pour cette première prise en main nous avons commencé par la version essence 200 chevaux, motorisée par un quatre cylindres de 2,0 litres. Sans suspension pilotée, elle surprend favorablement par l'excellent compromis de son amortissement. Plutôt confortable, elle ne sacrifie aucune parcelle d'efficacité dynamique lorsque vous la poussez un peu dans les environs de Balocco. Entre la précision de sa direction (au moins au niveau de celle d'une BMW Serie 3) et son comportement général, elle se place possiblement comme l'auto la plus intéressante du segment à piloter. La boîte automatique ZF 8 rapports se montre suffisamment rapide et seuls les plus agressifs se plaindront d'un ESP non déconnectable. Qu'ils se rassurent : il pourra être totalement supprimé sur l'auto lorsqu'elle aura trouvé son chemin jusqu'à la concession. Insonorisation et maîtrise des bruits aérodynamiques sont également à son avantage, même si l'on aurait souhaité une sonorité plus raffinée à bord. Enfin, Alfa Romeo se vante de présenter des niveaux d’émissions extrêmement bien placées quelque soit la motorisation. Principalement grâce à un poids serré et des blocs à la technologie soignée.

...Le grand frisson en Quadrigoglio

A côté de l'essai routier, nous avons pu prendre le volant de la variante Quadrofoglio uniquement sur circuit. Avec son tout nouveau V6 biturbo 3,0 litres de 510 chevaux conçu sous la houlette d'un ancien ingénieur Ferrari, elle vise carrément les références ultra-sportives que sont la BMW M3 et la Mercedes-AMG C63. Et il ne faudra clairement pas prendre l'Italienne à la légère car comme ses variantes plus sages, elle se place potentiellement comme le modèle le plus attrayant de la catégorie à piloter. Certes, la sonorité de son V6 ne flatte pas particulièrement lorsque vous accélérez en grand. Ni les performances en ligne droite, pas si impressionnantes au regard de sa fiche technique annonçant un 0 à 100 km/h en 3,9 secondes (record absolu face à la concurrence). Et si la boîte ZF 8 offre une réactivité appréciable (au niveau d'une double embrayage ou presque), son étagement impose de constamment anticiper les passages de rapport car le rupteur vous surprend très souvent. La boîte manuelle six vitesses offre un fonctionnement plus intuitif et donne l'impression d'exploiter le moteur sur une plus grande plage. Mais c'est surtout sa façon de réagir à vos impulsions qui plaît au volant de la Giulia Quadrofoglio. Incisive, la direction développe une précision parfaite. Le freinage carbone-céramique optionnel offre un dosage de pédale parfaitement calibré, une puissance d'arrêt plus que suffisante, et une endurance remarquable. Mieux, le mode Race place toutes les cartographies de l'auto dans une configuration radicale et coupe les aides à la conduite. Dans ce mode, l'Italienne ne demande qu'à se faire violenter jusqu'à la limite en demeurant extraordinairement progressive. On se prend à provoquer du sur-virage à l'inscription, et même à tenter des passages en glisse complète avec de la fumée comme dans une séquence promotionnelle AMG. Jamais telle manoeuvre ne m'avait semblé aussi facile avec une voiture. La Giulia vous donne le sentiment étrange de pouvoir jouer les équilibristes en toute sécurité. Moins exigeante dans son comportement qu'une C63 AMG ou une M3, elle paraît pouvoir s'adapter à tous les profils de pilotes. Notez que sa monte pneumatique très agressive (Pirelli P-Zero Corsa) contribue à développer un niveau de grip élevé sans nuire à sa progressivité.

Essai Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio
Essai Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio


Une entrée fracassante

Il faudra prendre plus longuement le volant de cette Giulia pour se faire un avis arrêté mais la première impression est excellente. D'autant plus que la grille des prix se positionne légèrement au-dessous de ses concurrentes principales quelque soit la version. Comptez sur un prix de base de 30 900 euros pour le diesel 2,2 litres de 136 chevaux. A l'autre extrémité de la gamme, la Giulia Quadrifoglio se négocie à partir de 79 000 euros. Une BMW M3 de 431 chevaux se paye plus cher et une Mercedes-AMG C63 AMG S de 510 chevaux demande 20 000 euros de plus. Après cette Giulia, Alfa Romeo présentera un SUV pour concurrencer l'Audi Q5, le Mercedes GLC et le BMW X3. Puis ce sera sans doute le tour d'une nouvelle compacte, d'une grande berline et d'un second SUV. La marque veut conquérir tous les marchés du monde où les premium allemands dominent, et elle semble réellement capable de se porter à leur niveau. Les Allemands ne rient plus.