Espagne: les sœurs du roi se font vacciner à Abu Dhabi, la polémique enfle

Les infantes Elena et Cristina  - JUAN CARLOS HIDALGO
Les infantes Elena et Cristina - JUAN CARLOS HIDALGO

Les deux sœurs du roi d'Espagne, Elena et Cristina, ont admis mercredi s'être fait vacciner contre le Covid-19 lors d'un voyage pour voir leur père Juan Carlos en exil aux Émirats, faisant fi du protocole sanitaire en vigueur en Espagne et créant la polémique.

"Ma sœur et moi avons pu rendre visite à notre père, et afin d'obtenir un passeport sanitaire qui nous permettait de le faire régulièrement (de lui rendre visite, NDLR), on nous a proposé d'être vaccinées, ce que nous avons accepté", ont-elles expliqué dans un communiqué commun retranscrit par plusieurs médias espagnols et confirmant des informations de presse.

"Si cela n'avait pas été dans ces circonstances, nous aurions attendu notre tour pour être vaccinées en Espagne", ont-elles assuré dans ce texte destiné à éteindre une polémique qui intervient dans un moment très délicat pour la famille royale, quelques jours après l'annonce d'une régularisation fiscale par l'ex-roi Juan Carlos.

L'ancien monarque est parti en août aux Emirats alors que se multipliaient les soupçons sur l'origine opaque de sa fortune.

Contacté par l'AFP, un porte-parole du palais royal s'est refusé à tout commentaire, se contentant de rappeler que les soeurs de Felipe VI ne "font pas partie" formellement de la famille royale et que leurs actions ne relèvent donc pas du palais.

Le parti de gauche radicale Podemos, membre de la coalition au pouvoir avec les socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez, a vivement critiqué la vaccination des deux soeurs du roi.

C'est "une nouvelle de plus contribuant au discrédit de l'institution monarchique. Pour l'opinion, cela constitue un traitement de faveur et des privilèges", a dénoncé à la télévision publique Irene Montero, ministre de l'Égalité et membre de Podemos, formation ouvertement républicaine.

Membre du Parti socialiste, le ministre de la politique territoriale, Miquel Iceta, a lui estimé que profiter de sa "position" pour se faire vacciner avant d'y avoir droit était "très mal".

La monarchie est l'une des questions divisant les deux partenaires de la coalition au pouvoir, les socialistes défendant, eux, la monarchie parlementaire.

Tempête politique en Espagne

Cette polémique intervient moins d'une semaine après l'annonce du versement par Juan Carlos de près de 4,4 millions d'euros au fisc espagnol pour régulariser sa situation.

Cette somme doit lui permettre de s'acquitter des obligations fiscales découlant de vols en jet privé, d'une valeur de 8 millions d'euros selon la presse, payés par une fondation basée au Liechtenstein appartenant à l'un de ses cousins éloignés.

Cette régularisation a déclenché une tempête politique en Espagne où Pedro Sanchez a, dans des termes inhabituellement durs, exprimé vendredi sa "répulsion" et celle de la "majorité" des Espagnols face aux agissements "inciviques" de l'ancien monarque.

Âgées de 57 et 55 ans, les infantes ne pourraient être vaccinées actuellement en Espagne où priorité a été donnée jusqu'ici aux personnes les plus âgées et les plus vulnérables.

Selon les médias espagnols, l'ancien chef des services de renseignement, Felix Sanz Roldan, a également été vacciné à Abu Dhabi lors d'une visite à Juan Carlos.

Une polémique a éclaté en janvier en Espagne après des informations sur la vaccination, en dehors du protocole, du chef d'État major, contraint à la démission.

Article original publié sur BFMTV.com