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Espagne: Mariano Rajoy rejette des élections anticipées

Le Parti socialiste espagnol a annoncé vendredi le dépôt d'une motion de censure contre Mariano Rajoy au lendemain de la condamnation du Parti populaire (PP), le parti du chef du gouvernement, dans une affaire de corruption. /Photo prise le 23 mai 2018/REUTERS/Paul Hanna

MADRID (Reuters) - Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a refusé vendredi d'organiser des élections législatives anticipées, comme le réclamaient le Parti socialiste espagnol (PSOE) et la formation centriste Ciudadanos au lendemain de la condamnation pour corruption de son Parti populaire (PP).

Lors d'une conférence de presse, Mariano Rajoy a souligné que l'Espagne avait besoin de stabilité politique pour assurer la poursuite de la reprise économique et qu'il entendait donc rester à son poste jusqu'à la fin de son mandat à la mi-2020.

Le dirigeant du PSOE, Pedro Sanchez, a déposé une motion de censure contre le gouvernement afin de provoquer sa chute, former son propre gouvernement et convoquer au plus tôt des élections anticipées.

"Notre motion de censure est présentée afin de former un gouvernement socialiste, pour retrouver une vie politique et institutionnelle normale. Nous organiserons ensuite des élections anticipées aussi tôt que possible", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Cette motion de censure, pour Mariano Rajoy, "porte atteinte à la stabilité politique dont notre pays a besoin, ainsi qu'à la reprise économique". "C'est mauvais pour l'Espagne", a ajouté le chef du gouvernement.

Pour renverser le gouvernement, les socialistes, qui ont 85 députés, ont besoin du soutien du parti de gauche Podemos (67 députés) et des élus indépendantistes basques et catalans au Congrès des députés, la chambre basse du Parlement.

Dans le cadre de cette offensive anti-Rajoy, les centristes de Ciudadanos ont menacé de présenter leur propre motion de censure si le chef du gouvernement ne convoquait pas d'élections anticipées.

"Si Rajoy n'appelle pas à des élections anticipées, nous serions prêts à présenter notre propre motion de censure", a déclaré l'un des dirigeants du parti, José Manuel Villegas.

L'affaire de corruption visant le PP, qui a trait à l'utilisation d'une caisse noire par les conservateurs dans les années 1990 et au début des années 2000 pour le financement illégal de campagnes électorales, poursuit Mariano Rajoy depuis son arrivée au pouvoir en 2011. Il a toujours nié.

Vingt-neuf personnes liées au PP, dont un ancien trésorier, ont été condamnées jeudi pour falsification de comptes, trafic d'influence et divers délits fiscaux. Elles ont été au total condamnées à 351 ans de prison.

Dans sa décision, le juge a déclaré qu'il y avait des preuves que le PP avait géré une caisse noire pendant de nombreuses années et qu'il fallait s'interroger sur la crédibilité du démenti de Mariano Rajoy.

"(Son) témoignage ne semble pas assez plausible pour réfuter les preuves solides montrant l'existence d'une caisse noire au sein du parti", a déclaré le magistrat.

(Raquel Castillo, Jesús Aguado et Julien Toyer; Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)