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Décollage réussi pour SpaceX, une cosmonaute russe en route vers l'ISS

Décollage réussi pour SpaceX, une cosmonaute russe en route vers l'ISS

Une cosmonaute russe a décollé ce mercredi vers la Station spatiale internationale depuis les Etats-Unis, à bord d'une fusée de l'entreprise américaine SpaceX. 
Cette mission revêt un caractère particulièrement symbolique en pleine guerre en Ukraine.

Anna Kikina, seule femme cosmonaute russe actuellement en service actif, fait partie de l'équipage Crew-5, également composé de deux Américains et d'un Japonais, Nicole Mann et Josh Cassada, représentant la Nasa et la Jaxa, et Koichi Wakata pour l'agence spatiale japonaise.

Il s'agit de la cinquième mission régulière vers la Station spatiale (ISS) assurée par SpaceX - via sa fusée Falcon 9 et son vaisseau Crew Dragon - pour le compte de la Nasa.

AP Photo/Terry Renna
La fusée Falcon 9 de SpaceX sur son pas de tir du Centre spatial Kennedy, en Floride, le 4 octobre 2022 - AP Photo/Terry Renna

Le décollage a eu lieu mercredi midi depuis le centre spatial Kennedy, en Floride.

Il y a deux semaines, un Américain avait pour sa part décollé à bord d'une fusée russe Soyouz vers l'ISS. En compagnie des cosmonautes Sergueï Prokopiev et Dmitri Peteline de l'agence spatiale russe Roscosmos Frank Rubio a ainsi été le premier astronaute américain à se rendre sur l'ISS à bord d'une fusée russe depuis le début de l'intervention militaire russe en Ukraine lancée le 24 février dernier.

Yuri Kochetkov/AP
L'astronaute de la Nasa Frank Rubio et les cosmonautes Sergueï Prokopiev et Dmitri Peteline au cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, le 21 septembre 2022 - Yuri Kochetkov/AP

Ce programme d'échange d'astronautes, prévu de longue date, a été maintenu malgré les très fortes tensions entre les deux pays depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février. Assurer le fonctionnement de l'ISS est ainsi devenu l'un des très rares sujets de coopération entre les Etats-Unis et la Russie.

Transporter le citoyen d'une autre nation est "une énorme responsabilité", a déclaré lors d'une conférence de presse fin septembre Kathy Lueders, administratrice associée à la Nasa.

Interrogée sur les rapports entretenus actuellement avec l'agence spatiale russe Roscomos, elle a déclaré: "Sur le plan opérationnel, nous avons vraiment apprécié la constance de la relation, même durant une période très difficile sur le plan géopolitique."

Le responsable de l'ISS à la Nasa, Joel Montalbano, a lui aussi vanté le "soutien excellent de Roscosmos" pour ces vols conjoints.

Passation avec les membres de Crew-4

Anna Kikina, 38 ans et ingénieure de formation, est devenue la cinquième femme russe cosmonaute professionnelle à se rendre dans l'espace. "J'espère que dans un futur proche nous aurons davantage de femmes dans le corps des cosmonautes", avait-elle déclaré en août dernier.

Irina Spektor/Gagarin Research&Test Cosmonaut Training Center/Roscosmos
Archives : la cosmonaute Anna Kikina au Centre d'entraînement des cosmonautes Youri-Gagarine, dans la Cité des étoiles, près de Moscou, le 22 juillet 2022 - Irina Spektor/Gagarin Research&Test Cosmonaut Training Center/Roscosmos

Il s'agira également du premier vol spatial des astronautes américains Nicole Mann et Josh Cassada, mais du cinquième pour le Japonais Koichi Wakata.

Après un voyage d'environ 30 heures, leur vaisseau s'amarrera jeudi à la Station internationale , qui évolue à environ 400 km d'altitude.

Les membres de Crew-5 rejoindront les sept personnes déjà à bord (deux Russes, quatre Américains, et une Italienne).

Quelques jours de passation sont prévus avec les quatre membres de Crew-4, avant que ceux-ci ne soient renvoyés sur Terre.

Crew-5 doit pour sa part passer environ cinq mois en orbite, et mener plus de 200 expériences scientifiques, dont plus de 70 inédites à bord du laboratoire volant.

Anna Kikina sera par ailleurs la première Russe à voler dans une fusée conçue par l'entreprise du milliardaire Elon Musk.

Ce dernier s'est immiscé dans les discussions sur l'Ukraine lundi, en demandant à ses abonnés Twitter de voter sur sa propre suggestion pour régler le conflit entre Kyiv et Moscou. Celle-ci impliquait notamment l'abandon de la Crimée à la Russie. L'ambassadeur ukrainien en Allemagne lui a répondu, toujours sur Twitter, d'aller "se faire voir".

Avenir flottant pour la coopération spatiale

Les tensions entre Moscou et Washington se sont considérablement accrues dans le domaine spatial après l'annonce de sanctions américaines contre l'industrie aérospatiale russe, en riposte à l'invasion de l'Ukraine.

La Russie a ainsi annoncé cet été vouloir quitter l'ISS "après 2024" en faveur de la création de sa propre station orbitale - sans pour autant fixer de date précise pour un retrait.

AP/Roscosmos
Les cosmonautes de Roscosmos Oleg Artemyev and Denis Matveev, lors de leur sortie extravéhiculaire hors de l'ISS, le 2 septembre 2022 - AP/Roscosmos

Le directeur des vols habités chez Roscosmos, Sergueï Krikaliov, a lui déclaré ce lundi "espérer" que le gouvernement russe accepte de prolonger la participation à l'ISS après 2024.

Les Américains ont déjà dit vouloir continuer à opérer la Station jusqu'en 2030.

En l'état actuel des choses, l'ISS ne peut fonctionner sans l'un des deux segments dont elle est composée, l'un américain, l'autre russe. Ce dernier assure notamment le maintien en orbite grâce à un système de propulsion.

Entre 2011 et le premier vol de SpaceX vers l'ISS en 2020, la Russie était la seule à pouvoir y acheminer des astronautes jusqu'à la Station, et faisait payer la Nasa pour des places à bord de ses fusées. La perte de ce monopole représente un manque à gagner conséquent pour le programme spatial russe.

L'échange d'astronautes cette année, qui doit être renouvelé à l'avenir, se fait lui sans contrepartie financière.