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Errorsmith, champion sur terrain synthétique

Le musicien allemand s’empare de sons électroniques anthropomorphiques pour servir une techno aussi radicale qu’engagée.

L’album commence par un rire qui donne au morceau son rythme, saccadé et étrangement démantibulé. On se moque ? On s’éclate ? Ou alors on sanglote, peut-être ? L’effet produit, entre fascination et effroi, est d’autant plus saisissant que la voix qui se bidonne froidement a tous les attributs de l’humain, mais affiche clairement sa nature artificielle - c’est bien un algorithme de synthèse «formantique» très complexe qui s’exprime devant le «micro».

Comme devant l’un de ces avatars d’homme façonnés de toutes pièces dans un logiciel ou une usine, le trouble est de l’ordre de l’indicible. Presque une illustration de cette «vallée de l’étrange», définie en ces termes : «Plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses.» Quelles raisons ont poussé Errorsmith, musicien allemand connu pour son aptitude à faire danser les âmes errantes sur les plus improbables machineries, à faire de la voix synthétique l’élément sonore principal de son premier album en solo depuis treize ans ? Entend-il parler de l’humain, ou de l’androïde conçu pour qu’il s’interroge sur son humanité ?

Erik Wiegand, qui est autant musicien que codeur chevronné (son synthétiseur Razor, commercialisé en 2011 par Native Instruments, est un indispensable du studio virtuel contemporain), prend de facto le relais de Florian Schneider, ex-ingénieur en chef de Kraftwerk qui fut le premier à rameuter des robots dans une chanson pop à fredonner et à danser.

«Les sons électroniques qui ressemblent à des voix sont intéressants à manipuler parce qu’ils attirent immédiatement l’attention, explique-t-il à Libération.La voix est un signal sonore si essentiel pour les humains : il est porteur à la fois de sens et d’émotions. Une voix synthétique communique en sus de l’étrangeté surtout quand elle n’est pas très réaliste. Elle devient alors soit (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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