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Eric Woerth blanchi dans l'affaire Bettencourt

L'ancien ministre UMP Eric Woerth a été blanchi jeudi des accusations d'avoir abusé de la faiblesse de la milliardaire Liliane Bettencourt pour obtenir un financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. /Photo prise le 26 janvier 2015/REUTERS/Régis Duvignau

BORDEAUX (Reuters) - L'ancien ministre UMP Eric Woerth a été blanchi jeudi des accusations d'avoir abusé de la faiblesse de la milliardaire Liliane Bettencourt pour obtenir un financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. L'ex-ministre qui était en outre soupçonné d'avoir décerné la Légion d'honneur en 2008 au gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal en échange de l'embauche de son épouse en 2007 dans la société de Patrice de Maistre a aussi été relaxé pour ce "trafic d'influence" présumé. Le tribunal correctionnel de Bordeaux a en revanche condamné le photographe François-Marie Banier et Patrice de Maistre à des peines de prison ferme pour "abus de faiblesse", notamment, aux dépens de l'héritière de L'Oréal de 2006 à 2010. François-Marie Banier, accusé d'avoir bénéficié des largesses de Liliane Bettencourt pour des montants dépassant 400 millions d'euros, a été condamné à trois ans de prison dont six mois avec sursis et 350.000 euros d'amende. Il devra en outre verser à la tutelle de Liliane Bettencourt une somme de 158 millions d’euros de dédommagements sur le plan civil, et les deux immeubles qui avaient été saisis durant la procédure seront confisqués. Patrice de Maistre, qui a nié tout au long du procès comme les autres prévenus avoir abusé de la faiblesse de la milliardaire, a été condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et 250.000 euros d'amende pour avoir obtenu des libéralités à hauteur de 12 millions d'euros. Les avocats de François-Marie Banier et de Patrice de Maistre ont annoncé leur intention d'aller en appel. COURBIT CONDAMNÉ Nicolas Sarkozy, entendu longuement à deux reprises dans le cadre de cette affaire, avait été placé dans un premier temps sous le statut de témoin assisté puis mis en examen pour abus de faiblesse le 21 mars 2013, avant de bénéficier d’un non-lieu. "Il n’y a pas de manque de preuves, il y a la reconnaissance de non culpabilité", a déclaré Me Jean-Yves Le Borgne, l'avocat d'Eric Woerth, qui parle de "coïncidences". L'avocat de François-Marie Banier a regretté la décision. "C’est une déception. On constate qu’en réalité le tribunal reprend à son compte la thèse de madame Françoise Meyers-Bettencourt, comme les juges d’instruction l’ont fait", a dit Pierre Cornut-Gentille, en référence à la thèse de la fille de la milliardaire qui est à l'origine de la procédure. Le compagnon du photographe, Martin d'Orgeval, poursuivi pour avoir bénéficié de libéralités et de dons, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 150.000 euros d’amende. La surprise est venue de la condamnation à une amende de 250.000 euros de l’homme d’affaires Stéphane Courbit à qui il était reproché d'avoir bénéficié de l'état de faiblesse de Liliane Bettencourt pour obtenir d'elle un investissement dans sa société d'un montant de 143 millions d'euros. A la veille du procès, il s'était engagé à rembourser la somme et le parquet avait requis la relaxe. L'avocat Pascal Wilhelm, poursuivi pour avoir accompli des actes de gestion du patrimoine de Liliane Bettencourt qui lui étaient préjudiciables, comme l'investissement dans la société de Stéphane Courbit, a été condamné à 30 mois de prison dont un an avec sursis et 250.000 euros d’amende. Une peine de 18 mois de prison dont neuf avec sursis a été prononcée contre Carlos Véjarano, ancien gestionnaire de l'île d'Arros aux Seychelles qui appartenait à la famille Bettencourt. (Claude Canellas, avec Marine Pennetier à Paris, édité par Sophie Louet)