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Erdogan veut superviser l'armée et les services secrets

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, souhaite que l'armée et les services secrets (MIT) soient placés sous le contrôle de la présidence. /Photo prise le 21 juillet 2016/REUTERS/Umit Bektas

par Ece Toksabay et Daren Butler ANKARA (Reuters) - Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, souhaite que l'armée et les services secrets (MIT) soient placés sous le contrôle de la présidence, a annoncé jeudi un responsable turc, dans le cadre d'une vaste réorganisation de l'armée décidée après le putsch avorté du 15 juillet. Ce projet a été annoncé à l'issue d'une réunion de cinq heures du Conseil militaire suprême (YAS), présidée par le Premier ministre Binali Yildrim, et au lendemain de l'exclusion de l'armée pour conduite déshonorante de près de 1.700 soldats pour leur rôle supposé dans la tentative du coup d'Etat. A la fin de la réunion du Conseil militaire suprême, chargé de définir les grandes lignes de la restructuration voulue par Recep Tayyip Erdogan, ce dernier a approuvé, selon son porte-parole, la décision du YAS de maintenir à leurs postes le chef des forces armées Hulusi Akar ainsi que les commandants de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air. Le président turc avait annoncé la semaine dernière, dans le cadre d'une interview à Reuters, que l'armée du pays, la deuxième plus importante de l'Otan, avait besoin de "sang neuf". Parmi les quelque 1.700 militaires congédiés figurent 40% des amiraux et généraux de l'armée. Les autorités accusent l'imam Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, d'avoir fomenté le putsch, et elles ont suspendu, renvoyé, arrêté ou placé sous enquête des dizaines de milliers de personnes au sein des institutions d'Etat, dont les ministères, les forces armées et la police. Dans le mouvement de répression du coup d'Etat raté, des organismes de presse, des écoles et des universités ont été fermées, ce qui ne laisse pas d'inquiéter les associations de droits de l'homme et les alliés occidentaux de la Turquie. Le porte-parole du département d'Etat américain a dit dans la journée être "très inquiet" au sujet des dernières informations relatives à la fermeture d'organismes de presse en Turquie, ajoutant que Washington avait demandé des explications à Ankara. "Le président a dit qu'il (...) discuterait avec les partis d'opposition pour placer l'état-major et le MIT sous le contrôle de la présidence", a déclaré le responsable parlementaire turc. Ce changement suppose une révision de la Constitution et l'opposition doit être d'accord, ont précisé les médias turcs. L'état-major et le MIT sont placés pour l'instant sous la responsabilité du bureau du Premier ministre. Les placer sous la tutelle de Recep Tayyip Erdogan ne ferait que renforcer le régime présidentiel que le chef de l'Etat souhaite instaurer en Turquie. (Laura Martin, Jean-Stéphane Brosse et Benoît Van Overstraeten pour le service français)