«Si Erdogan tire trop sur la corde, beaucoup de ses supporteurs peuvent s’en détacher»

Recep Tayyip Erdogan, le 17 avril, à Istanbul.

L'intellectuel turc Murat Belge revient sur la dérive fascisante de la Turquie et les poches de résistance dans le pays.

L’émergence de l’AKP et son arrivée au pouvoir en 2002 a profondément divisé les rangs progressistes, laïcs et de la gauche en Turquie. Les avis étaient diamétralement opposés sur le discours modéré de ce courant de «jeunes réformateurs», mené par des personnalités comme Recep Tayyip Erdogan, Abdullah Gül et Bülent Arinç, qui a fait scission du parti islamiste traditionnel. Au nom des valeurs républicaines et de la laïcité «pure et dure», l’aile dite kémaliste refusait d’accorder le moindre crédit à ces «obscurantistes qui pratiquaient l’art de la dissimulation». D’autres, au contraire, estimaient qu’il n’y avait aucune raison de s’aligner sur les militaires et de ne pas soutenir les ouvertures démocratiques pro-européennes et surtout le processus de paix avec les Kurdes et les voisins.

Le tournant ultrarépressif d’Erdogan et son alliance avec les militaires nationalistes remettent tout en cause et rapprochent aujourd’hui toutes les composantes laïques et progressistes dans une opposition à cette nouvelle donne. A l’heure des bilans et des perspectives, Eray Ak de la rédaction de Cumhuriyet a interrogé , 74 ans, personnalité emblématique du monde intellectuel et universitaire turc, membre de l’Assemblée des citoyens de Helsinki, analyste politique, éditeur, auteur de plusieurs livres. Il est aussi l’un des fondateurs de la maison d’édition Iletisim (équivalent turc de Maspéro et d’Editions de minuit).

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Comment en est-on arrivé-là ? Etait-ce inéluctable ?

Non ce n’était pas inéluctable. Nul n’aurait pu le prédire. L’AKP avait promis d’accepter la règle de l’alternance électorale. D’essayer de tout faire pour intégrer l’Union européenne. De démocratiser la constitution… Et en effet, on a un peu avancé dans ce sens. Sans doute pas au point de changer structurellement la Turquie, mais assez (...)

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