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Erdogan apprenti sorcier en Syrie

Les mots du président islamo-conservateur turc étaient lourds. «Quel que soit le prix à payer, jamais nous ne permettrons l’établissement d’un nouvel Etat à notre frontière sud, dans le nord de la Syrie», a martelé le 27 juin Recep Tayyip Erdogan. Des propos visant l’Etat islamique, mais plus encore les Kurdes syriens qui, en pleine offensive contre les jihadistes, prennent peu à peu le contrôle de la frontière. Depuis, la capitale turque bruisse des rumeurs d’une possible intervention militaire transfrontalière, qui a été discutée lundi à la réunion du Conseil national de sécurité turc.

Une telle opération serait limitée, selon les informations rendues publiques par les médias proches de l’AKP, le parti au pouvoir depuis 2002. Elle s’étendrait sur une centaine de kilomètres le long de la frontière, visant avant tout à rendre impossible toute continuité entre les différents cantons tenus par le parti kurde syrien PYD, mouvement frère du PKK, le parti de la rébellion kurde de Turquie. Malgré l’ouverture de négociations de paix il y a deux ans, cette organisation reste une menace majeure aux yeux d’Ankara.

Révélatrice de l’échec de la politique syrienne menée par un leader turc engagé à fond contre Bachar al-Assad, y compris en aidant les combattants islamistes, cette irruption de l’armée turque de l’autre côté de la frontière ne pourrait être que dévastatrice. Elle accroîtrait notamment l’isolement de ce pays, pilier du flanc sud-est de l’Otan, de ses alliés occidentaux, qui soutiennent par des frappes aériennes et des armes les milices kurdes engagées contre l’Etat islamique.

Recep Tayyip Erdogan chercherait-il seulement avec de tels propos à faire pression sur Washington ? Peut-être. Mais le très autoritaire président turc, dont le parti a perdu la majorité aux législatives du 7 juin, peut, en raison même de son affaiblissement politique, être tenté par une telle aventure pour galvaniser le nationalisme turc et polariser l’opinion. Au risque de rallumer le conflit (...)

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