L’Indonésie déménage sa capitale à Nusantara, un projet pharaonique
C’est un déménagement colossal, annoncé par le président de l’Indonésie, Joko Widodo – plus souvent appelé Jokowi –, en 2019.
Engorgée et menacée par la montée des eaux, la mégalopole Jakarta devrait céder, samedi 17 août, son statut de capitale à Nusantara, située à 1 400 km de là, sur l’île de Bornéo.
Un projet d’envergure, marqué par des retards faramineux : de Nikkei Asia au Jakarta Post, la presse internationale résume les enjeux de ce changement de capitale.
Pourquoi quitter Jakarta ?
Déjà, pour des raisons climatiques.
D’après plusieurs experts, un tiers de l’île de Java, sur laquelle se trouve Jakarta, sera submergé par les eaux d’ici à 2050.
Un rapport de Greenpeace de juin 2021 était plus pessimiste encore et mettait en garde contre des crues soudaines submergeant Jakarta dès 2030.
Ensuite, Jokowi “affirme depuis longtemps que […] l’Indonésie doit étendre son développement au-delà de l’île principale de Java, qui représente 56 % de la population et une part similaire de l’économie”, rapporte le The Wall Street Journal.
Comparativement, Kalimantan, la partie indonésienne de Bornéo, ne contribue qu’à hauteur de 8 % au PIB national, note le quotidien américain.
Nusantra est-elle vraiment la nouvelle capitale ?
Oui et non.
D’un côté, “une loi adoptée en avril [2024] sur le statut de Jakarta retire le mot ‘capitale’ de la description de la ville”, rapporte le magazine nippon Nikkei Asia.
“Jakarta n’est plus la capitale de l’Indonésie”, a affirmé Ridwan Kamil, l’architecte chargé du patrimoine à Nusantara lors d’un événement à Singapour.
Sauf que le mois dernier, le président Jokowi a déclaré que le transfert de la capitale nécessiterait un décret présidentiel.
Décret dont la signature pourrait être laissée à son successeur, Prabowo Subianto, qui a remporté la présidentielle en février et prêtera serment le 20 octobre 2024.
Et même si Prabowo a fait part de sa détermination à “poursuivre [le développement de Nusantara], ou à le terminer si possible”, d’après le Jakarta Post, il “n’est pas aussi enthousiaste à l’idée d’accélérer le projet, en raison de contraintes budgétaires”.