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Entre polémiques et libre parole, comment les écologistes font entendre leur voix après la "vague verte"

Photo d'illustration - EELV - Jeudi 11 Février 2016 - Charly Triballieau - AFP
Photo d'illustration - EELV - Jeudi 11 Février 2016 - Charly Triballieau - AFP

Une "vague verte" a déferlé sur la France. Le 28 juin dernier, alors que se tenait le second tour des élections municipales retardé en raison de la pandémie de coronavirus, les écologistes se sont imposés comme les grands vainqueurs du scrutin. Remportant plusieurs grandes villes dont Lyon, Strasbourg, Marseille, et participant activement à la victoire d'Anne Hidalgo à Paris, le mouvement s'imposait ainsi de manière durable à l'échelle locale et confirmait ses bons résultats aux élections européennes de 2019.

De manière indirecte, ce triomphe écologiste a également été à l'origine du remaniement gouvernemental, opéré en début juillet, et via lequel Emmanuel Macron souhaitait insuffler une plus grande conscience écologique à son équipe ministérielle. Barbara Pompili, ancienne membre d'EELV, est devenue ministre de l'Écologie en lieu et place d'Élisabeth Borne, où elle sera accompagnée par Bérangère Abba, nommée secrétaire d'État chargée de la Biodiversité dimanche passé.

La "fronde anti-Girard" à Paris

Au-delà de ces "victoires", le parti écologiste est revenu sous le feu des projecteurs, et a dû faire face à plusieurs polémiques qui ont vivement fait réagir l'opinion public, ainsi que les réseaux sociaux, ces derniers jours. A Paris tout d'abord, où plusieurs élus verts se sont mobilisés pour la démission de Christophe Girard, adjoint à la Culture, en raison de ses liens avec Gabriel Matzneff, l'écrivain soupçonné de pédocriminalité.

A la base de ce mouvement, deux femmes, Alice Coffin, élue du XIIe arrondissement, et Raphaëlle Rémy-Leleu, élue de Paris centre, qui s'étaient déjà scandalisées de la présence de Girard sur la liste de la maire de Paris il y a quelques semaines. Une initiative qui a valu à ces deux dernières, actuellement sous protection policière, un torrent d'insultes sur les réseaux sociaux.

La fronde anti-Girard a également brouillé les relations au sein même de la majorité municipale. Dans un communiqué publié vendredi, Anne Hidalgo avait dénoncé "des propos indignes" et "des banderoles infamantes brandies" et promet qu'elle ne "laissera rien passer", assurant que les deux élues se plaçaient "ainsi d'elles-mêmes en dehors de la majorité municipale."

Entre temps, Mediapart révélait que la démission de cet ancien proche d'Hidalgo avait été précipitée par la découverte de notes de frais de repas avec entre ce dernier et l'écrivain, payées par la municipalité. Le parquet en a été alerté par la mairie.

EELV fait bloc derrière ses élues

Malgré cela, dans un communiqué transmis à l'AFP peu après, David Belliard, l'adjoint aux transports d’Anne Hidalgo et candidat EELV assurait que la participation des écologistes à la majorité n'était pas remise en question. "Il n’y a pas pour nous de sujet particulier, on continue à travailler" et "à [en] faire partie", assurait ce dernier dans des propos repris par 20 Minutes.

Eurodéputé et homme fort d'EELV, Yannick Jadot a également pris position dans cette affaire, et a d'ailleurs publiquement soutenu Alice coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu.

"Les écologistes ont raison d'exiger toute la lumière sur les réseaux de complaisance qui ont permis à Gabriel Matzneff de ne pas répondre de ses crimes de pédophilie. Cet entre-soi d'une certaine intelligentsia de gauche et de droite me révulse alors que des enfants ont été violés et que son auteur s'en vantait", dénonçait-il auprès du Parisien.

Le scandale de Colombes

Ces dernières heures, le parti écologiste a une nouvelle fois été, cette fois-ci de manière négative, au centre de toutes les attentions. Fin juin dernier à Colombes, commune tenue depuis 2016 par les Républicains, est remportée par l'écologiste Patrick Chaimovitch. Ce dernier a fait scandale le 20 juillet passé, lorsque lors d'un discours tenu en marge de la commémoration du 78e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'hiver, il avait comparé les forces de l'ordre à la police de Vichy.

"Les policiers français, les gendarmes français qui ont obéi aux ordres de leurs supérieurs en mettant en oeuvre la rafle du Vel d'Hiv, et d'autres rafles encore après et ailleurs, sont les ancêtres de ceux qui aujourd'hui, avec le même zèle, traquent les migrants, les sans-papiers, les déboutés des droits humains", avait-il déclaré.

Des propos qui avaient ulcéré les syndicats policiers, tout comme le nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmani, qui avait menacé de porter plainte. Très vite, l'élu de Colombes avait tenu à clarifier son propos et d'une certaine manière, à rétropédaler.

"Je regrette que mon propos ait pu porter à confusion. [...] Bien entendu, il n'y a pour moi aucune comparaison possible entre police et gendarmerie d'un État démocratique d'une part, et police et gendarmerie de l'État pétainiste ", avait-il assuré, avant de rappeler son soutien aux forces de l'ordre.

Un parti en retrait?

Pour autant, malgré ces exemples récents, EELV ne semble pas vouloir s'inscrire dans un calendrier borné par les polémiques. Dernièrement, alors que la France se déconfinait et que l'opposition tançait violemment l'action gouvernementale durant la quarantaine imposée aux Français, le parti écologiste était resté en retrait, parfois même silencieux.

"Le temps des questions viendra", expliquait l'eurodéputé Yannick Jadot dans une interview accordée au Parisien, alors qu'un parlementaire de la France insoumise s'étonnait, dans les colonnes de L'Opinion, d'une réaction "faible" et "gentillette."

En réalité, avec probablement la présidentielle de 2022 en point de mire, scrutin auquel EELV n'avait pas participé en 2017, le parti semble vouloir prendre son temps et, au-delà de la polémique, souhaite imposer durablement l'écologie sur le devant de scène politique.

Article original publié sur BFMTV.com