Entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, le divorce est désormais consommé
François Ruffin n'est «plus un camarade». Ou du moins, c'est comme ça que le noyau dur de La France insoumise (LFI) et sa base de militants le perçoivent. Les petites tensions lors la Fête de l'Humanité, le samedi 14 septembre, sont venues le rappeler. La rentrée parlementaire ce mardi 1er octobre, qui voit pour la première fois le député de la Somme siéger hors du groupe La France insoumise, le rend encore plus tangible. Une rupture consommée par son refus symbolique de l'investiture LFI lors des élections législatives de l'été dernier, puis son désaveu public de Jean-Luc Mélenchon avant le second tour.
Les raisons du divorce s'étalent à longueur d'interviews depuis des années. François Ruffin les a formalisées dans une note sur son blog, le 17 septembre. Son «désaccord» est «d'abord moral», explique-t-il. S'il se réjouit de l'hégémonie de la gauche chez les électeurs urbains et diplômés, il refuse l'abandon des campagnes populaires au Rassemblement national (RN). Selon lui, cette trahison faite à la base historique de la gauche provoquerait l'isolement politique des banlieues et des quartiers. Et cette dissension morale devient électorale. François Ruffin pointe que le «trou démographique» (ces électeurs qui seraient perdus) qui découle de cette stratégie rend toute majorité impossible, au second tour d'une élection présidentielle comme au Parlement.
Mais comment en est-on arrivé là? Entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, le vernis craque une première fois en 2018. L'ancien journaliste et élu picard, qui s'est fait connaître par le mouvement Nuit debout, organise la «Fête à Macron». Il la veut apartisane. De son côté, le leader de LFI amène tout son état-major, tient un discours et récolte les lauriers médiatiques de la manifestation. Il faut y voir là «un coup de Jean-Luc Mélenchon à François Ruffin pour lui rappeler qui est “le chef” et “le vrai candidat à la…