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Entre Emmanuel Macron et Marseille, une histoire d'amour très politique

Emmanuel Macron à Marseille, le 1er septembre 2021 - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Emmanuel Macron à Marseille, le 1er septembre 2021 - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Le président n'a pas choisi de passer trois jours à Marseille par hasard - sa plus longue étape depuis son élection. Entre véritable amour pour la seconde ville de France et début de campagne, le locataire de l'Élysée déploie une offensive préparée de longue date.

Écoles délabrées, pauvreté endémique, multiplication des règlements de comptes... Autant de handicaps qui justifient un grand plan de soutien à la ville méditerranéenne avec plus de 3 milliards d'euros annoncés - et depuis plusieurs années en gestation dans l'esprit d'Emmanuel Macron.

Marseille et Macron, une histoire qui dure

Tout juste entré en campagne à l'automne 2016, le candidat En Marche choisit ainsi Les Pennes-Mirabeau, à quelques encablures de la cité phocéenne, pour son tout premier meeting. "Et il l'a fait alors que cela n'avait rien d'une évidence", explique Michel Amiel, le maire LaREM de la commune, à BFMTV.com. Le symbole avait été remarqué à l'époque.

"Organiser son premier show de campagne présidentielle dans la ville des embrouilles politiques, il fallait quand même être sacrément gonflé", glisse un proche.

C'est qu'Emmanuel Macron ne rate jamais une occasion de mettre en scène son amour pour la préfecture des Bouches-du-Rhône. "J’aime infiniment Marseille, la deuxième ville de France, l'une des plus pauvres et des plus vibrantes", confie le chef de l'État dans les colonnes de Zadig en mai dernier.

"Ces trois jours, c'est l'aboutissement d'une longue relation avec notre territoire", nous explique Sabrina Agresti-Roubache, productrice de cinéma. Celle qui a grandi dans la cité marseillaise Félix-Pyat, l'un des quartiers les plus pauvres d'Europe, est devenue une proche du chef de l'État ces dernières années.

Passion OM

"Nous nous sommes rencontrés à la fin de l'année 2016 et j'ai tout de suite senti que son amour pour Marseille était profond, sincère", estime la conseillère régionale.

Son attachement à la cité phocéenne passe notamment par le football et l'Olympique de Marseille. L'OM avait déjà donné lieu à cet échange truculent dans Emmanuel Macron, les coulisses d'une victoire, un documentaire que TF1 avait diffusé au lendemain de son élection.

On y voit Emmanuel Macron scruter son téléphone et déclarer: "Oh merde. Deuxième fois, putain!" Et Brigitte Macron, inquiète, de lui demander: "Quoi donc ??!" Emmanuel Macron répond alors: "Monaco a encore battu l'OM."

Sa passion pour l'OM était une bonne raison pour aller passer ses premières vacances de président non pas à Brégancon, la résidence d'été des locataires de l'Élysée, mais à Marseille. À peine arrivé, le chef de l'État ne rate pas l'occasion de se mettre en scène avec les joueurs de son club préféré.

Emmanuel Macron, qui aime mettre en avant son amour de la littérature, insiste aussi sur son rapport aux écrivains provençaux. "J'aime Pagnol", raconte-t-il dans Révolution, son livre publié pendant la campagne de 2017.

Casser son image de premier de cordée

Plus prosaïquement, "en aimant Marseille, il aime son opposé et fait de la com' politique", confie Christophe Madrolle, conseiller régional, proche de la macronie, à BFMTV.com. "La ville lui permet de casser son image de président des élites parisiennes, d'homme élu par la France qui va bien - avec la belle lumière du Vieux Port en prime".

L'analyse est partagée par Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône. "Ce déplacement lui permet de se mettre en scène avec la carte postale de Marseille, son soleil, une sorte de bouffée d'oxygène en pleine crise sanitaire. Sa visite dans les quartiers nord, c'était presque Plus belle la vie", estime l'ancienne adjointe au maire de Marseille.

Sa visite présidentielle a en effet l'avantage de remettre Emmanuel Macron au cœur du jeu politique entre une rentrée scolaire toujours sous Covid et la campagne des primaires LR.

"Tout est calculé dans ce déplacement. Il permet au président de parler santé, sécurité, écoles, économie et donc de prendre la parole sur les grands thèmes de sa future campagne", insiste Christophe Madrolle.

"Pourquoi tout le personnel politique serait déjà dans les starting-blocks pour 2022 et pas Emmanuel Macron? Marseille concentre toutes les urgences françaises et se mettre à son chevet, c'est vouloir réparer la France", juge, pour sa part, le patron des sénateurs macronistes, François Patriat.

Un contexte politique très favorable

Enfin, le marigot marseillais est porteur pour l'Élysée. Le maire socialiste de la ville, Benoît Payan, est à la tête d'un des territoires les plus endettés de France. Avec la métropole, le département et la région, tous de droite, l'édile est particulièrement isolé. La main tendue d'Emmanuel Macron apparaît donc comme une planche de salut.

Un président sauveur d'une ville en difficulté et plus largement de Français qui seraient déboussolés par la crise sanitaire... Autant d'éléments sur-mesure pour le chef de l'État déjà en campagne.

Article original publié sur BFMTV.com