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"Ensauvagement" dénoncé par Darmanin: Dupond-Moretti "pas à l'aise avec ce terme"

Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, le 31 juillet 2020 - Capture d'écran
Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, le 31 juillet 2020 - Capture d'écran

Il est le deuxième ministre à se montrer réservé sur un mot utilisé par Gérald Darmanin pour décrire l'insécurité en France. Invité de BFMTV ce vendredi, Eric Dupond-Moretti a été interrogé, à son tour, sur l'"ensauvagement d'une partie de la société française" pointé du doigt par son collègue de l'Intérieur auprès du Figaro.

"Je ne suis pas à l’aise avec ce terme, je ne l’aurais pas choisi", a répondu le garde des Sceaux, dont les positions sur la sécurité et l'immigration se situent plutôt à gauche.

La réaction de l'ancien avocat suit celle, plus vive, d'une autre membre éminente du gouvernement: la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

"Je pense que, aujourd'hui, le gouvernement est au service de tous les Français. Et donc on doit rassembler tous les Français. Et ça, pour moi, c'est le principal. Monter les Français les uns contre les autres peut toujours être un risque", a fustigé l'élue de la Somme sur Europe 1 lundi. "Je parle en général", avait-elle toutefois nuancé.

Tonalité droitière

De la même manière, Eric Dupond-Moretti a modéré son propos en reprenant à son compte la vision plus globale de Gérald Darmanin, dont la tonalité droitière est assumée par l'intéressé.

"Je ne suis pas M. Darmanin, je ne suis pas ministre de l’Intérieur, et au-delà du mot, il y a un véritable constat, qui est la perte des repères. Quand j’étais gamin, il y a longtemps, (...) on se levait quand l’instituteur rentrait en classe, on laissait sa place aux dames, on n’insultait pas le policier, le chauffeur de bus ou le juge. Il y a une perte des repères, une perte des valeurs", a affirmé le ministre de la Justice.

Très prisé de l'extrême droite depuis 2013, lorsqu'est paru le livre de Laurent Obertone, La France Orange mécanique (Éd. Ring), le terme "ensauvagement" est pourvu - quelle que soit la réalité qu'il recouvre - d'une connotation forte que Gérald Darmanin ne peut ignorer. Dans un contexte où Emmanuel Macron veut s'arrimer un électorat de droite et de centre-droit en mal de candidats putatifs pour 2022, le "premier flic de France" est l'un des fers de lance de cette opération politique.

"La sécurité, c’est aussi une liberté dont le garde des Sceaux a la charge", a prévenu Eric Dupond-Moretti, tout en reconnaissant qu'en tant que pénaliste à succès, il ne ressentait pas l'insécurité comme les Français plus modestes.

Article original publié sur BFMTV.com