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Enquête sur le sabotage de Nord Stream : les premières images sous-marines des dégâts

Une tranchée d'une cinquantaine de mètres a pris la place des tuyaux du gazoduc NordStream. C'est ce que révèlent des images inédites captées par le drone sous-marin envoyé par le journal suédois Expressen sur l'un de quatre sites concernés par la fuite de gaz sur la voie principale de livraison de gaz naturel russe vers l'Europe.

Au fond de la mer, à 80 mètres de profondeur, on aperçoit de longues déchirures dans le fond marin. Au total, 50 mètres de cable manquent à l'appel, détruits ou recouverts par les fond marins. Plus loin, le tuyau en acier renforcé de béton est déformé et déchiqueté. La conséquence possible d'un sabotage.

"Seule une force extrême peut tordre un métal aussi épais comme nous le voyons", explique Trond Larsen, le pilote du drone de l'agence norvégienne Blue Eye Robotics qui a filmé les images.

Les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont été endommagés par au moins deux explosions dans les eaux de la mer Baltique ayant entraîné quatre fuites. L'explosion atteignait 2,3 sur l'échelle de Richter rappelle Expressen.

Le Kremlin rejette toute responsabilité

Les Occidentaux soupçonnent la Russie d'être derrière ce sabotage qui pourrait avoir été provoqué par des drones sous-marins. A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a dénoncé des accusations "absurdes" et fustige une enquête menée sans la Russie :

"On peut regretter que l'ensemble du processus d'investigation se déroule à huis clos, sans possibilité pour la partie russe de participer et d’interagir, alors que la Russie est copropriétaire du gazoduc. Nous n'avons pas la possibilité d'effectuer notre propre enquête sur place. Et surtout, de ce qu'on entend des déclarations faites en Allemagne, en France ou au Danemark, cette enquête est en train d'être arrangée de manière à faire porter la responsabilité à la Russie, ce qui est absurde"

De ce qu'on entend des déclarations faites en Allemagne, en France ou au Danemark, cette enquête est en train d'être arrangée de manière à faire porter la responsabilité à la Russie.

Des enquêtes danoises et suédoises se poursuivent

Localisées dans les eaux internationales au large de l'île danoise de Bornholm, les sites endommagés se trouvent pour deux d'entre eux dans la zone économique exclusive (ZEE) danoise et les deux autres dans celle de la Suède.

Le 6 octobre, les autorités suédoises avaient annoncé avoir procédé à une inspection sous-marine du site et avoir collecté "des pièces à convictions" confirmant les soupçons d'un très probable acte de sabotage.

Mardi, la police danoise a annoncé avec les services de renseignement PET avoir également effectué plusieurs inspections des fuites présentes sur la zone danoise.

"Les inspections ont confirmé qu'il y a eu d'importants dégâts sur Nord Stream 1 et 2 dans la zone économique exclusive danoise et que ces dommages ont été causés par de puissantes explosions", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le Danemark, la Suède et l'Allemagne enquêtent au niveau national sur le sabotage présumé, mais l'option d'une enquête internationale s'est éloignée ces derniers jours.

Reliant la Russie à l'Allemagne, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 avaient été au cœur de tensions géopolitiques entre l'Occident et la Russie. Washington les dénonçait comme un instrument de dépendance de l'Europe vis à vis de Moscou.

Bien que hors service du fait des conséquences de la guerre en Ukraine, les pipelines contenaient des dizaines de milliers de tonnes de gaz quand ils ont été endommagés, dégageant d'importantes quantités de méthane, un puissant gaz à effet de serre.