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Enquête sur le traitement de détenus mineurs en Australie

par Matt Siegel et Tom Westbrook SYDNEY (Reuters) - Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête concernant le traitement de mineurs placés en centres de détention après la diffusion d'images montrant des gardiens de prison soumettant des détenus adolescents à des gaz lacrymogènes ou encore attachant à une chaise un garçon cagoulé et à moitié nu. Diffusés par la chaîne de télévision publique Australian Broadcasting Corporation (ABC), ces enregistrements de caméras de vidéosurveillance du centre de détention pour mineurs Don Dale, situé à Darwin, capitale du Territoire du Nord, montrent également des détenus être déshabillés de force, saisis par le cou et jetés dans une cellule et mis à l'isolement pendant de longues périodes. "Comme tous les Australiens, j'ai été profondément choqué, choqué et horrifié par les images de maltraitance d'enfants", a déclaré Malcolm Turnbull sur la radio ABC tout en annonçant la mise sur pied d'une commission royale, soit une enquête publique de premier plan, disposant d'importants judiciaires. "Nous allons agir vite, avec détermination pour tirer les choses au clair." Les images de caméras de vidéosurveillance du centre Don Dale, enregistrées entre 2010 et 2014, soulève non seulement la question de la maltraitance des enfants mais aussi celle du traitement des Aborigènes, qui représentent 94% des détenus mineurs du Territoire du Nord. Les Aborigènes représentent seulement trois pour cent de la population australienne mais 27% de la population carcérale du pays. NOMBREUX RAPPORTS SUR LES CONDITIONS DE DÉTENTION "Notre peuple (indigène) était au courant de ce genre de choses (...) et les voir exposées crûment à nos yeux doit agir comme une prise de conscience pour tout le monde en Australie", a déclaré Mick Gooda, commissaire à la justice sociale pour les Aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès. "Ce que nous avons hier soir est absolument honteux." Un rapport relatif à certains des incidents montrés par les images vidéo, rédigé l'an dernier par la commissaire aux enfants du Territoire du Nord, avait condamné le comportement des gardiens, mais les conclusions de ce document avaient été contestées par ceux qui étaient alors à la tête des prisons et le texte n'avait donné lieu à aucune conséquence, a souligné la chaîne ABC. Quelques heures après la diffusion des images de vidéosurveillance par ABC, le ministre en chef du Territoire du Nord Adam Giles a remercié son ministre chargé des questions pénitentiaires, estimant que les informations sur les abus dans les prisons lui avaient été cachées et dénonçant une "culture de dissimulation" au sein du système pénitentiaire. L'avocat Peter O'Brien, qui représente Dylan Voller et Jake Roper, deux des jeunes victimes de maltraitance, a dit qu'il allait porter plainte en leur nom contre l'état du Territoire du Nord. "Il semblerait que ces maltraitances font partie du coeur du système", précise-t-il dans un communiqué, appelant à la libération immédiate de Dylan Voller, aujourd'hui incarcéré dans une prison pour adultes, et à celle de tous les enfants détenus dans le Territoire du Nord. Gillian Triggs, présidente de la commission des droits de l'homme australienne, a salué l'annonce de l'ouverture d'une enquête tout en rappelant que son organisation fait des rapports depuis des années sur l'emprisonnement de la population indigène, en particulier les mineurs. "(...) Et nous avons eu beaucoup, beaucoup de détails (...) sur les affreuses conditions de leur détention." (Benoît Van Overstraeten pour le service français)