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Engie se recentre et se spécialise pour doper sa croissance

par Benjamin Mallet

LONDRES (Reuters) - Engie a annoncé jeudi son intention de faire croître son résultat net courant de 7% à 9% par an sur la période 2019-2021 dans le cadre d'un nouveau plan stratégique prévoyant une spécialisation du groupe dans les services à haute valeur ajoutée et les renouvelables pour les entreprises et les collectivités locales.

Le groupe, dont les résultats 2018 ont été pénalisés par le nucléaire en Belgique, a également annoncé qu'il concentrerait ses efforts de développement sur une vingtaine de pays et une trentaine de métropoles, pour l'essentiel situées en Asie du sud-est et en Afrique.

Alors qu'il est aujourd'hui implanté dans 70 pays, il prévoit en parallèle d'en quitter une vingtaine et de limiter son activité auprès des particuliers sur les marchés où il est déjà présent.

Fournisseur de gaz et d'électricité déjà très actif dans les services, Engie vise en outre 800 millions d'euros de réduction de coûts sur trois ans - après 1,3 milliard sur la période 2016-2018 - ainsi que six milliards d'euros de cessions environ, en écho aux 16,5 milliards de ventes d'actifs annoncées ou comptabilisées dans le cadre de son précédent plan.

Il prévoit 11 à 12 milliards d'euros d'investissements de croissance sur 2019-2021, principalement dans les "solutions clients" (services aux entreprises, collectivités locales et particuliers) et les renouvelables, avec l'objectif d'ajouter 9 gigawatts (GW) à son portefeuille de capacités de production "vertes" tout poursuivant sa sortie du charbon.

Ces annonces peinent à convaincre les investisseurs, l'action Engie accusant une baisse de 3,88% à 13,36 euros vers 15h15.

Dans les "solutions clients", dont le groupe estime qu'elles représenteront environ un quart de son résultat opérationnel d'ici 2021, Engie veut développer des offres intégrées pouvant inclure la définition de la stratégie, la conception, la gestion d'infrastructures, le développement de plates-formes numériques, le financement ou encore l'exploitation.

LA "DEUXIÈME VAGUE" DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Dans les renouvelables, il se concentrera sur les développements "dédiés directement à des usages clients", qui devront représenter 50% de ses nouveaux projets d'ici 2021.

"Alors que, dans les dix dernières années, la transition énergétique était poussée par les Etats, elle est aujourd'hui tirée par les entreprises et les collectivités territoriales sous l'impulsion exigeante de leurs parties prenantes, clients et citoyens, qui font monter la pression", a dit a la presse la directrice générale d'Engie, Isabelle Kocher, en évoquant une "deuxième vague de la transition énergétique".

"Notre ambition, c'est de rendre possible la transition zéro carbone compétitive des entreprises et des collectivités territoriales. Nous voulons devenir le leader mondial de ce secteur", a-t-elle ajouté.

"Nous avons sondé des milliers de clients et ils nous ont tous dit la même chose : 'Venez avec des solutions intégrées qui soient financés'. Il y a un marché considérable."

Alors qu'Engie est candidat à l'achat du réseau de gazoducs de Petrobras (TAG) et qu'il est cité comme repreneur potentiel du spécialiste néerlandais des énergies renouvelables Eneco et de certains actifs d'EDP dans les renouvelables, Isabelle Kocher a jugé que le groupe se devait d'être "très sélectif" en matière d'acquisitions, même s'il n'exclut pas des opérations d'envergure.

Engie compte en outre "stabiliser" ses activités nucléaires en Belgique, avec un rebond du taux de disponibilité de ses réacteurs - prévu à 78% en 2019, 79% en 2020 et 93% en 2021 - par rapport au très faible niveau de 52% de 2018, et juge que ses activités dans les infrastructures continueront de dégager des rendements attractifs et des flux de trésorerie importants.

Le groupe va poursuivre sa réorganisation en créant quatre "business lines globales" (solutions clients, infrastructures, renouvelables, thermique) et un "reporting financier simplifié" qui comportera un nombre réduit de segments géographiques.

NOUVELLE POLITIQUE DE DIVIDENDE

Engie, dont l'Etat détient environ 24% du capital et pourrait céder ses parts en vertu de la loi Pacte, a également annoncé une nouvelle politique de dividende, avec un objectif de ratio de distribution de 65% à 75% de son résultat net part du groupe, le haut de cette fourchette étant visé pour 2019.

Le groupe vise cette année une hausse de son résultat net récurrent part du groupe, attendu entre 2,5 et 2,7 milliards d'euros, un objectif reposant sur un Ebitda prévu entre 9,9 et 10,3 milliards.

Après retraitement de ses résultats 2017 pour tenir compte des cessions, il a enregistré en 2018 un résultat net récurrent part du groupe de 2,5 milliards (+10,1%, +17,3% en organique), un Ebitda de 9,2 milliards (+0,4% en variation brute, +4,7% en organique) et des ventes de 60,6 milliards (+1,7% en variations brute et organique).

Son résultat net part du groupe a dans le même temps chuté de 23%, à 1,0 milliard d'euros, plombé par des pertes de valeur dans l'électricité thermique et le nucléaire en Belgique.

Selon un consensus réalisé par Infront Data pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un résultat net récurrent de 2,4 milliards d'euros, un Ebitda de 9,2 milliards et un chiffre d'affaires de 64,4 milliards.

Engie propose comme prévu un dividende de 0,75 euro par action au titre de 2018.

Le groupe envisage toutefois également un dividende exceptionnel de 0,37 euro par action pour neutraliser l'impact de sa décision de verser son dividende annuel en une seule fois, à compter de 2020, à l'issue des assemblées générales approuvant ses comptes.

Engie prévoit une dette nette financière de l'ordre de 20 milliards d'euros à fin 2021 contre 21,1 milliards à fin 2018.

(Service Entreprises, Benjamon Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)