Les enfants de deux ans passent déjà près d’une heure devant les écrans chaque jour

Une aide-soignante se tient près d’un enfant qui regarde un écran, le 21 mars 2017 à Neuilly-Plaisance, près de Paris, dans le nouvel hôpital de jour pour enfants autistes. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)
BERTRAND GUAY / AFP Une aide-soignante se tient près d’un enfant qui regarde un écran, le 21 mars 2017 à Neuilly-Plaisance, près de Paris, dans le nouvel hôpital de jour pour enfants autistes. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)

Tablettes, ordinateurs et smartphones ont souvent meilleure presse que la télévision. Une étude de l’Insee vient alerter sur l’usage de ce type d’écrans chez les tout-petits.

ÉCRANS - La règle du « pas d’écran avant 3 ans » est loin d’être la norme. L’Insee a étudié pour la première fois l’usage des tout-petits, entre deux ans et six ans, des tablettes, smartphones et ordinateurs. Et le constat de l’enquête publiée ce mardi 22 novembre est sans appel : à seulement deux ans, près d’un tiers des enfants commence à être exposé aux écrans (hors télévision). Cette étude vise notamment à comparer les évolutions des usages des écrans numériques par rapport à la télé.

Durant les six premières années de leur vie, « seuls quatre enfants sur dix sont durablement maintenus à distance des écrans numériques », révèle l’enquête Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) effectuée auprès de 18 000 enfants nés en 2011.

Banalisation de l’utilisation des écrans numériques

Dès deux ans, les enfants passent en moyenne six minutes par jour devant une tablette, un ordinateur, ou un smartphone. Pour les plus exposés d’entre eux - 16 % des enfants sont considérés comme ayant une consommation excessive - ce temps est de plus vingt minutes chaque jour.

En plus, s’ajoute le temps passé devant la télévision. Un enfant de deux ans reste 47 minutes devant le petit écran en moyenne. Ainsi, dès la deuxième année de sa vie, un petit passe au total 53 minutes devant les écrans numériques et la télévision, déplore Amandine Schreiber, cheffe du Deps, le service statistique du ministère de la Culture, dans Le Parisien.

L’enquête met en garde contre une banalisation de l’utilisation des écrans numériques, qui semblent moins nocifs que la télévision. Alors que la télé a toujours l’image du « mauvais objet culturel » qui favorise la passivité, la tablette et l’ordinateur symbolisent la modernité. C’est en partie faux notent les chercheurs : « les enfants utilisent souvent les tablettes pour visionner des contenus télévisuels, tandis que de plus en plus de télévisions sont connectées, donc potentiellement interactives. »

« L’initiation parentale » pèse le plus dans l’évolution des usages

Par ailleurs, d’après les observations de cette étude, la consommation des écrans augmente en grandissant. Si trois quarts des petits sont éloignés des écrans avant deux ans, soit parce qu’ils n’y ont pas accès ou qu’ils n’en possèdent pas, cette proportion diminue avec l’âge et tombe à moins de 50 % à 5 ans et demi. « À cet âge, plus d’un enfant sur cinq est un utilisateur modéré des écrans numériques, y consacrant entre 10 et 30 minutes par jour en moyenne », constate l’enquête.

Mais l’évolution de l’utilisation des écrans dépend du milieu social dans lequel l’enfant a grandi. Selon les chercheurs, la consommation d’écran est intrinsèquement liée aux « ressources économiques et culturelles » des familles. Mais aussi à la place dans la fratrie, ou les pratiques des parents, qu’ils partagent ou non des moments devant les écrans avec leurs enfants. « C’est la socialisation précoce et l’initiation parentale qui pèsent le plus sur les trajectoires numériques des enfants », appuie l’Institut.

Les enfants uniques semblent aussi plus enclins à se diriger vers « trajectoire d’intensification d’utilisation des écrans numériques ». Selon les chercheurs, cette tendance s’explique dans la nécessité d’occuper l’enfant pendant que les parents, notamment la mère, sont seuls pour s’occuper des tâches ménagères ou de soins. Le psychologue Samuel Comblez estime dans les colonnes du Parisien : « Sans dramatiser, il est important de rester prudent et privilégier pour les plus petits les jeux classiques, traditionnels ».

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