Enfants à la rue : L’Unicef, la fondation Abbé Pierre et une cinquantaine d’élus lancent un cri d’alarme
PRÉCARITÉ - « Aujourd’hui 2 822 enfants [dorment] dans la rue ou tous autres lieux les privant de conditions de vie dignes et sécurisantes ». Dans une tribune publiée ce 17 octobre, l’Unicef France, la Fondation Abbé Pierre et d’autres associations, ainsi qu’une cinquantaine de parlementaires et de maires de métropole, y compris de la majorité, appellent les pouvoirs publics à « prendre des mesures d’ampleur pour mettre fin à cette situation insoutenable et contraire aux droits de l’enfant ».
Alors que débute l’examen du projet de loi de finances pour 2024, les associations réclament « des moyens insuffisants pour répondre à cette urgence sociale et [demandent] une hausse du nombre de places d’hébergement et une politique ambitieuse du logement ».
Selon le baromètre « enfants à la rue », réalisé par l’Unicef en août dernier, 1 990 enfants étaient sans solution d’hébergement suite à la demande de leur famille au 115, faute de places disponibles ou adaptées pour les accueillir. Soit une hausse de 20 % par rapport à la même période l’année dernière.
Un record du nombre d’enfants sans-abri
Au 2 octobre, ils étaient 2 822, soit 42 % de plus en un mois seulement, dont 686 enfants de moins de 3 ans, dans cette situation. Des chiffres que l’Unicef estime sous-estimés. « Des enfants pénalisés dans leur développement, leur santé, leur scolarité, et confrontés dès le plus jeune âge aux inégalités et à la grande pauvreté », souligne la tribune.
En septembre 2018, Emmanuel Macron avait affirmé vouloir « éradiquer la pauvreté extrême en une génération ». Le gouvernement a fait de la prévention de la pauvreté et de la lutte contre les inégalités dès l’enfance une priorité de son Pacte des Solidarités, annoncé par la Première ministre le 18 septembre.
« Dans la continuité des efforts consentis par l’État depuis la crise sanitaire en faveur du parc d’hébergement, celui-ci garantit le maintien de 203 000 places d’hébergement en 2024. Si cette mesure était nécessaire et doit être saluée, elle sera malheureusement insuffisante pour atteindre l’objectif de « zéro enfant à la rue » fixé par le gouvernement à l’automne dernier, et pour respecter les principes d’inconditionnalité de l’accueil et de continuité de la prise en charge », soulignent les signataires.
« Des mesures structurelles pour loger dignement les personnes »
En particulier dans un contexte d’inflation, de crise du logement et de tension sur l’hébergement hôtelier, qui continue de fragiliser les familles les plus précaires. Selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), fin 2022, 2,4 millions de ménages étaient en demande d’un logement social, soit une hausse de 7% par rapport à 2021. À titre de comparaison, ce chiffre s’élevait à 2 millions en 2016.
« Il est urgent de prendre des mesures structurelles pour loger dignement les personnes », conclut la tribune, qui demande au gouvernement la mise en œuvre d’une programmation pluriannuelle « de la rue au logement », dotée de moyens suffisants « pour que tous les enfants soient a minima hébergés dans des conditions conformes à leur intérêt supérieur ». Et cela en dépassant « tous les clivages politiques ».
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