Energie: l'Europe va aider l'Ukraine à maintenir "la lumière allumée" cet hiver

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le directeur général de l'AIE Fatih Birol s'expriment lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 19 septembre 2024 (Nicolas TUCAT)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le directeur général de l'AIE Fatih Birol s'expriment lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 19 septembre 2024 (Nicolas TUCAT)

L'Europe va aider l'Ukraine à maintenir "la lumière allumée" cet hiver avec une aide matérielle et financière après les destructions massives de centrales électriques par les troupes russes et l'alerte lancée jeudi par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui s'inquiète aussi pour la Moldavie.

"Le système énergétique ukrainien a survécu aux deux derniers hivers (...) mais cet hiver sera, de loin, son test le plus sévère à ce jour", a mis en garde le directeur général de l'AIE, Fatih Birol, lors d'un point presse à Bruxelles avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

La cheffe de l'exécutif européen se rendra à Kiev ce vendredi pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky. "Nos amis ukrainiens ont besoin de notre aide pour garder la lumière allumée. Il faut que les Ukrainiens restent au chaud", a-t-elle martelé.

L'Union européenne va apporter 160 millions d'euros supplémentaires d'aide humanitaire et d'infrastructures énergétiques (panneaux solaires...), a-t-elle déclaré, mentionnant une enveloppe globale de 2 milliards d'euros depuis le début de l'invasion russe.

Après la perte de "plus des deux tiers" de la capacité de production électrique de l'Ukraine, l'Agence préconise dans un rapport publié jeudi une dizaine de solutions urgentes pour réparer les centrales endommagées, détruites ou occupées par la Russie.

La situation en Ukraine "constitue aujourd'hui l'un des problèmes de sécurité énergétique les plus urgents au monde", avertit l'agence basée à Paris.

L'AIE presse notamment les pays européens de hâter la "livraison d'équipements et de pièces détachées" pour réparer les centrales, et d'augmenter les capacités d'importation d'électricité et de gaz venant de l'Union européenne.

Pour le gaz, l'agence juge que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne devraient travailler avec le reste de l'UE pour pérenniser "sur le long terme" les augmentations de capacité d'exportation accordées en urgence après l'invasion russe.

Le rapport souligne aussi le besoin de renforcer "la sécurité physique et informatique des infrastructures critiques", notamment via des protections anti-drones sur les centrales électriques.

Une priorité pour les Ukrainiens: "Chaque jour nos infrastructures énergétiques sont attaquées (...) Si nous n'avons aucune protection, ce sera sans fin (...) Nous les réparons, ils les détruisent", a déclaré jeudi Olha Ponomarchuk, qui dirige les relations internationales du ministère de l'Energie ukrainien, à l'AFP.

Avant l'invasion russe, l'Ukraine dépendait du nucléaire pour la moitié de son électricité, de centrales à charbon pour 23% et de centrales au gaz pour 9%.

L'AIE estime "autour de 30 milliards de dollars" le montant nécessaire pour réparer les dommages et moderniser le réseau électrique.

"Nous comprenons que la meilleure solution est de développer des petites stations énergétiques" diffusées dans tout le pays, ajoute Mme Ponomarchuk.

- La Moldavie menacée aussi -

Au pic de l'hiver, la demande en électricité en Ukraine pourrait grimper à 18,5 gigawatts (GW), selon l'AIE. Il lui manquerait alors 6 GW de capacité de production - l'équivalent de la consommation du Danemark lors d'un pic de demande.

Pour le chauffage, 18 centrales thermiques et électriques, 815 chaufferies et 354 kilomètres de tuyaux de chauffage urbain ont été endommagés. Pour ce seul secteur, les dommages sont estimés à 2,4 milliards de dollars.

Par ailleurs, l'AIE craint que l'arrêt annoncé pour fin 2024 du transit de gaz russe en Ukraine menace la Moldavie d'être plongée dans le noir et le froid.

Même si le petit pays n'est pas exposé à des bombardements russes comme l'Ukraine, il dépend de la Russie pour deux tiers de son approvisionnement en électricité, car la principale centrale au gaz qui l'alimente est située dans la région séparatiste prorusse moldave de Transnistrie.

Or l'arrêt du transit du gaz russe via l'Ukraine au-delà du 31 décembre "crée une incertitude significative pour les livraisons de gaz à la région de Transnistrie et pour la sécurité en électricité de la Moldavie", note le rapport.

L'Ukraine a annoncé fin août son intention de ne pas renouveler le contrat la liant jusqu'au 31 décembre à la Russie pour faire transiter le gaz russe vers l'Europe via son réseau étendu de gazoducs.

Un renforcement des interconnexions avec les pays européens "est essentiel pour soutenir la sécurité énergétique de la Moldavie" relève l'AIE. La construction d'une troisième nouvelle ligne haute tension entre la Moldavie et la Roumanie a été approuvée et "devrait être opérationnelle en 2031" après deux autres prévues en 2025 et 2027 (Vulcanesti-Chisinau et Balti-Suceava).

Mais pour cet hiver, la Moldavie dépendra surtout de "générateurs diesel et de stocks de bois de chauffage et de biofuels".

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